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B  I  B  L  I  O  T  H  E  C  A    A  U  G  U  S  T  A  N  A

 

 

 

 
Olympe de Gouges
1748 - 1793
 


 






 




A r c h i v e s
N a t i o n a l e s
D o s s i e r   2 1 0


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Nom:     Aubry (Marie Olympe de Gouges)
Profession:     femme auteur
Jugement:     mort
Date:     12 brumaire an II
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[Lettre à son fils 1793:]





      Au citoyen Degouges
      Officier général
      dans l'armée du Rhin


      Je meurs, mon cher fils, victime de mon idolâtrie pour la patrie et pour le peuple. Ses ennemis, sous le spécieux masque du républicanisme, m'ont conduite sûrement à l'échafaud.
      [. . .]
      Pouvais-je croire que les tigres enragés seraient juges eux-mêmes contre le loi, contre même ce public assemblé qui bientôt leur reprochera ma mort? Dès l'instant de la signification de cet acte, la loi me donnait le droit de voir mes défenseurs et toutes les personnes de ma connaissance. On m'a tout intercepté! J'étais comme en terre, ne pouvant pas même parvenir à parler au concierge. La loi me donnait aussi le droit de choisir mes jurés: on me signifia la liste à minuit et le lendemain à sept heures on me fait descendre au tribunal malade et faible et n'ayant pas l'art de parler au public. Je demandai le défenseur que j'avais choisi. On me dit qu'il n'y est pas ou qu'il ne voulait pas se charger de ma cause. J'en demande un autre à son défaut, on me dit que j'ai assez d'orgueil pour défendre mes amis, que sans doute j'en avais de restepour défendre mon innocence qui parlait aux yeux de tous les assistants. Je n'y mis pas ce qu'un défenseur aurait mis pour moi.
      Tu sais les services de bienfaits que j'ai rendus au peuple. Vingt fois j'ai fait pâlir mes bourreaux, ne sachant que me répondre à chaque phrase qui caractérisait mon innocence contre leur mauvaise foi.
      Je meurs mon fils, mon cher fils, je meurs impuissante. On a violé toutes les lois pour la femme la plus vertueuse de son siècle. Je te. . .
      Rapelle-toi de mes prédications. Je laisse ma montre à ta femme ainsi que la reconnaissance de mes bijoux au Mont de Piété, le flacon et les clefs des malles que j'ai. . .

      Olympe Degouges


      Adieu, mon fils, je ne vivrai plus quand tu recevras cette lettre. Tu répareras l'injustice que l'on fait à ta mère.

 
 
 
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