B  I  B  L  I  O  T  H  E  C  A    A  U  G  U  S  T  A  N  A
           
  Iustinus
floruit ca. 350 p. Chr. n.
     
   


E p i t o m a
H i s t o r i a r u m   P h i l i p p i c a r u m
P o m p e i i   T r o g i


L i v r e   X L

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Tigrane d'Arménie

1 2

Les derners rois de Syrie : Tigrane et Antiochos, 1,1  
Pompée met fin au royaume de Syrie, 2,3.
 

      1        latin
Les derners rois de Syrie : Tigrane et Antiochos 1 Alors que les rois et le royaume de Syrie avaient été épuisés par les haines mutuelles des deux frères 2, puis de leurs fils qui avaient pris le relais des inimitiés de leurs parents 3, le peuple recourut à des secours extérieurs et se mit à regarder du côté des souverains étrangers des alentours. 2 De fait, alors qu'une partie était d'avis de faire appel à Mithridate du Pont 4, une autre à Ptolémée 5, depuis l'Égypte, et qu'il se trouvait que Mithridate était embarrassé par la guerre romaine et que Ptolémée, pour sa part, avait toujours été un ennemi, 3 tous se mirent d'accord sur Tigrane, le roi d'Arménie, appuyé, en plus de ses forces personnelles, sur l'alliance parthe et sur sa parenté avec Mithridate. 4 Ainsi appelé au trône de Syrie, il régna très paisiblement pendant dix-sept ans, et il n'eut pas à provoquer une guerre contre autrui, ni à faire la guerre à autrui après avoir été provoqué 6.  

      2        latin
1 Mais si la Syrie fut à l'abri des ennemis, elle fut cependant ravagée par un tremblement de terre où disparurent cent soixante-dix mille hommes et de nombreuses villes, et, selon la réponse des haruspices, ce prodige annonçait une révolution. 2 Donc, une fois Tigrane vaincu par Lucullus 7, Antiochos, fils de Cyzicène 8, est proclamé roi par ce même Lucullus.
      Pompée met fin au royaume de Syrie 3 Mais ce que Lucullus avait donné à Antiochos, Pompée 9 le lui enleva par la suite ; il lui répondit, quand il réclama son royaume qu'il ne donnerait pas à la Syrie, même si elle le réclamait, et à plus forte raison si elle le refusait, un roi qui s'était caché dans un recoin de Cilicie pendant les dix-sept ans au cours desquels Tigrane avait détenu la Syrie, et qui, une fois Tigrane vaincu par les Romains, réclamait la récompense du travail d'autrui ; 4 en conséquence, de même qu'il ne lui avait pas enlevé un royaume qu'il possédait, il ne lui donnerait pas ce royaume, passé à Tigrane, un royaume qu'il ne saurait pas protéger, de peur qu'il ne rende à nouveau la Syrie désolée par les brigandages des Juifs et des Arabes. 5 Et ainsi, il rédigea la Syrie en province et peu à peu l'Orient devint romain, du fait de la discorde entre rois de même sang.

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1   Dans son livre 40, Trogue Pompée montrait comment les Romains annexèrent la Syrie et l'Égypte en profitant des discordes sanglantes internes aux maisons séleucide et lagide, ainsi que des guerres que les deux royaumes se firent continuellement. Justin n'a conservé que quelques éléments de l'histoire de deux derniers rois de Syrie pour ce livre, qui est le plus court de son Abrégé.
 
2   Les cousins Antiochos VIII Grypos († 96 a.C.) et Antiochos IX Cyzicène († 95 a.C.), fils de Dèmètrios II et d'Antiochos VII, cf. supra, au livre 39.
 
3   Après la mort de Grypos et de Cyzicène, la liste royale retient les règnes éphémères et troublés de Seleucos VI (96-95 a.C.), Dèmètrios III (95-88 a.C.), Antiochos X (94-83 a.C.) et Philippe Ier (92-83 a.C.).
 
4   Mithridate Eupator, cf. supra, livres 37 et 38.
 
5   Le souverain lagide est à l'époque Ptolémée X Sôter II qui règne de nouveau (88-80 a.C.).
 
6   Tigrane II, roi d'Arménie de 95 à 55 a.C., régna aussi sur la Syrie de 83 à 68 a.C. jusqu'à ce qu'il en soit chassé par Lucullus.
 
7   L. Licinius Lucullus, consul en 74 a.C. fut chargé de la guerre contre Mithridate et Tigrane d'Arménie de 74 à 67 a.C.
 
8   Antiochos XIII Asiaticus, fils d'Antiochos X, était en réalité le petit-fils d'Antiochos IX Cyzicène ; il fut déposé en 64 par Pompée.
 
9   Cn. Pompeius Magnus conduisit les affaires de Méditerranée orientale de 67 à 63 avec des pouvoirs extraordinaires conférés par les lois Gabinia de 67 et Manilia de 66 a.C.