BIBLIOTHECA AUGUSTANA

 

Christine de Pizan

vers 1364 - vers 1431

 

L'Avision de Christine

 

La seconde partie

 

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III

Comment lombre

araisonna Christine

 

Adonc comme ie fusse ententive a regarder ceste merveille lombreuse creature sen donna de garde et en tel maniere marraisonna fille descolles qui ca tameine/ et moy a elle/ dame aventure mes voz merveilles mont cy arrestee/ Et se ie peusse moult voulsisse plus vous cognoistre/ Et elle a moy comment ne me cognois tu doncques/ dame ie nen ay pas record/ et elle a moy. O bien voy que ignorance tolt aux humains la cognoiscence des obietz de leurs oeuvres/ Mais pour emplir ton desir ottroy que tu me cognoisces pour ce par vehementes ensignes te seray manifestee

saches que tres quadam fu formez ie fus cree/ Et suis fille dignorance/ desir de savoir mengendra/ le premier homme et sa femme par mon exort decepvable fis en la pomme mordre/ Et apres ce que dieu lot pour ce meffait condempne avoir sa vie en sa sueur je lui fis querre et encerchier les proprietes des herbes et des plantes/ Et lui apris la maniere des terres coultiver et la nature des choses crees lui fis exprouver tant quil les attaigny en suivant apres ie gouvernay les humains/ et leur fis prendre loy la quelle fu premiere celle de nature/ Et tres ces premiers aages furent aucuns soubtilz hommes aux quelz tant fis encerchier quilz trouverent philosophie et par consequent toutes les sciences et ars par moy furent premierement invistiguees/ et la voye trouvee dy attaindre ne nom de philosophe oncques trouve neust este se ie ne fusse siconune plus a plain cy apres te declaireray. Et non obstant que philosophie avec ses filles fust avant que moy et que fille de dieu soit *si fus ie faitte aussi tost que cree fu entendement humain/ et lui et moy ouvrismes la voye aux hommes de cler engin ala trouver entendement premier et moy seconde si suis chamberiere delle en ce mortel monde. Car en paradis nen enfer nay ie demeure ma duree sera iusquau desrain iour/ et lors fineray. je raporte les messages des hommes de cler entendement a philosophie/ et a ceulz qui appliquier sy veulent je les fais par le moyen de diligent estude se ne leur tost faulte dengin attaindre par investigacion a elle/ Et pour ce non obstant que par tout le monde soye/ me vois tu principalment en ces escoles esquelles par locasion de moy avec le labour destude aprenent les clers toutes sciences/ et sanz moy aprises ne pourroient estre/ Et non obstant que de dieu viengne la grace denhault/ je suis celle qui la mez a oeuvre ou cuer de la personne et sanz moy riens ne profiteroit/ Et te dis plus fort que se ie nestoye avec foy esperance et charite point ne seroit es humains