BIBLIOTHECA AUGUSTANA

 

Christine de Pizan

vers 1364 - vers 1431

 

L'Avision de Christine

 

La seconde partie

 

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XII

Encore des oppinions

des philosophes

 

Mais certes yci met il lautre raison par laquelle aurebours il appert que la terre soit tres proprement principe. Car comme soit chose tres evident que ce qui est derrenier en generacion est premier en nature pour ce que nature a la fin de generacion tend ad ce qui est premier en son entencion/ Mais tant que une chose est plus depense plus espesse et aussi plus composte Tant est elle plus des reniere en generacion. Pour ce quen voie de generacion on precede des plus simples choses aux composees sicomme des elemens aux mixtions et les mixtions aux humeurs et des humeurs aux membres tant que fmablement on vient a homme qui est le plus compost. Semblablement doncques comme ce qui est le plus espeux appert estre en generacion desrenier et par consequant principe de nature Il appert que ceste conclusion soit contraire a celle de devant/ Car ainsi la terre qui est plus espesse et plus depense sera premiere dyaue et leaue que lair et lair que le feu si est pour ce assavoir quil ya difference entre querir ce qui est premier et a parler simplement/ Car son enquiert de premier simplement nest pas double que premier est parfait dimparfait et fait que nest poissance. Car nulle chose nest ramenee dimparfait a parfait ou de poissance en fait/ se non par aucun ens parfait cest a dire par aucune chose estant de per fait parfaitte/ Et est cy assavoir que iappelle poissance en tant que ie la distingue *contre fait. la poissance de quelconques effect lequel nest/ Cest a dire de quelconques chose produisible/ Et menable en aucune nature soit bonne ou mauvaise/ ycelle nature non estre oremais povoir estre/ Et pource la nomme lenpoissence de pooir estre ou non. Mais quant elle est nommee fait a difference de povoir estre/ Et parce il appert que fait est le plus noble/ Dont pource se nous parlons de la perfection de dieu dieu si est tres perfait. Et doncques tres premier/ Car en son essence nulle possibilite ne fut aincois que fait. Mais es particulieres choses qui precedent en leur estre de poissence en effect. la poissance en ycelles quant atemps si precede leffait et ainsi limparfett le perfett. Combien toutefois qua nature leffett soit le premier/ Cest a savoir quant en son entencion et maniere delies savoir produire/ tout ainsi quil appert dun messagier qui va en aucun lieu. Combien que le lieu ou il va quant ou labour et a son entencion il attaigne dy venir/ Toutefois estoit il le premier quant a son entencion Car autrement ne se fust il pas meu/ Et sicomme au lieu quant il lattaint on pourroit dire quil y estoit de fait. Aussi aincois quil atteignist sentencion povoit estre appelle poissance/ Et ainsi il appert que fait se non en temps toutefois quant a nature ou a entencion est premier que poissence Il est donc manifeste que ainsi le premier principe de toutes choses il fault estre tres simple pour ce que toutes choses sont composees des simples et non e converso doncques il estoit neccessaire aux anciens naturiens que lun et lautre ilz attribuassent au principe premier. Cest assavoir au principe du monde quilz attribuassent avec souveraine simplicite souveraine per*fection. Mais comme ces .ii. ne puissent estre attribues a aucun principe corporel. Car es generacions et es corrupcions les tres simples choses sont les plus imparfaittes pource ce leur sembloit estoient ilz contraires mettre division es principes.