BIBLIOTHECA AUGUSTANA

 

Christine de Pizan

vers 1364 - vers 1431

 

L'Avision de Christine

 

La seconde partie

 

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XIV

Dit lombre la poissance

que elle a

 

Or tay ie assez prouve par ce que devant est dit comment ie suis cause premiere des oeuvres humaines et que se precedant ne fusse aucune oeuvres es humains naroit effett pour*ce te vueil reprendre en aucune partie de tes ditz en ton livre intitule de la mutacion de fortune/ le quel compilas par grant labour/ et estude Car combien que par moy/ te venist linvencion trop faillis sauve ta grace/ lors que tu tant actorisas la poissence de dame fortune que tu la dis estre toute ordennerresse des fais qui cuerent entre les hommes. Et ma poissence souveraine sur toutes influences refflexibles es oeuvres communes qui precelle toutes autres tu oublias/ si ne te sois honte offrir lamende a moy suppellative de toy en ceste partie iniuriee te rendent repentie coulpable comme mal advertie me recognoiscent suppellative sur toutes poissances relatives ca bas de dieu ordenees/ Et que ceste chose te soit manifeste vueil que me desnoues cest argument. Je te demande le quel est plus noble. Ou lacteur qui est principe de la chose premierement mise en fourme ou loeuvre qui depent et vient de la poissance de lacteur premier principe. Et moy a elle certes dame ie tiens que comme dieu soit principe de toutes choses Et aussi comme dit aristote lentendement est le souverain des biens car a lui tous les autres obeissent le premier principe des choses je confesse le plus pariait en action doeuvre comme cy devant est assez prouve/ Et elle a moy. bien respondis/ Or tay vaincue par ton meisme iugement. Car non obstant quentendement soit devant moy quant en concept/ toutefois suis ie premiere cause de toutes choses bonnes ou mauvaises faittes ou pourchacees par pensees ou oeuvres humaines Et doncques comme devant est dit sil est ainsi/ ce que si/ que principe soye des speculacions et toutes choses ouvrables comme il appert je con*clus vraye ma proposicion que ie precelle les choses ouvrees et que fortune a qui tant de poissance attribues nest fors ma chamberiere mercenaire comme conduisserresse des oeuvres ja par moy disposees a mettre a effett

Mais affin quil me semble que par mouvement denvie lui vueille soubtraire la fame de son auttorite/ te cognois estre vray quen disposicion de oeuvre/ fortune a poissence de conduire les fais particuliers bien ou mal selon le soufflement de son influence/ Mais te souviengne que differens sont noz mouvemens Car de rechief te dis que ie oeuvre en esperit et fortune ne puet ouvrer fors es choses ia par moy deliberees aptes a recepvoir ses influences es choses dehors et foraines Mais es repostailles de la pensee es quelles je suis muciee na nulle poissance/ Doncques tu puez cognoistre que elle est servile et villaine vers mon autorite/ comme elle soit au monde sicomme superflue comme les laz de ladversaire/ et ie soye celle sanz qui nulle chose nest faitte/ Et sanz qui nul fruit doeuvre ne pourroit lomme conduire a perpetuelle gloire.