BIBLIOTHECA AUGUSTANA

 

Christine de Pizan

vers 1364 - vers 1431

 

L'Avision de Christine

 

La tierce partie

 

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IV

Dit Christine

de ses bonnes fortunes

 

Moult nous fu fortune favorable le temps durant de la vie du sus dit bon sage roy Charles/ et avec les autres gloires des prosperitez receues en ioyeuse plantureuse et paisible vie/ en mariage comme ce soit naturel ioye a tout loyal serviteur veoir la prosperite de son bon maistre/ la dieu mercy/ puis le temps passe de la venue de mon dit pere au service du roy gouverne en partie meismement en ses guerres par ladministracion de son sage conseil selon la science de astrologie crut et augmenta de mieulx en mieulx la valeur de ses prosperitez recepvant pluseurs victoires et conquestes sus ses anemis/ Et que ces choses soient vrayes ie men raporte aux vivans princes et autres encore de ce temps qui ce scevent/ le quel dit bien du prince estoit le comble de la ioye de son sus dit feal serviteur non obstant que a lusage des philosophes fust nulle lespargne de la peccune et avoir de mon dit pere/ laquelle chose sauve sa reverence ie ne repute mie louable en lestat des mariez soubz laquelle main doit estre la cure de leur meisnage souffreteux apres eulx puet estre a cause de leur prodigalite/ toute voye non obstant la liberalite de ses coustumes la pourveance du bon roy ne laissoit a lostel de son ame defaillir nulles choses necessaires

A venir au point de mes fortunes le temps vint que ia approuchoye laage ou quel on seult les filles assener de mary Tout fusse ie encores assez jeunete non obstant que par chevaliers autres nobles et riches clers fusse de pluseurs demandee/ et ceste verite ne soit de nul reputee vantance. Car lautorite de lonneur et grant amour que le Roy a mon pere demonstroit estoit de ce cause non mie ma valeur comme mon dit pere reputast cellui plus valable qui le plus science avec bonnes meurs avoit. Avisa un ionne escolier gradue bien ne et de nobles parens de picardie de qui les vertus passoient la richece a cellui que il reputa comme propre filz je fus donnee/ en ce cas ne me plains de fortune car a droit eslire en toutes convenables graces/ sicomme autre foiz ay dit a mon gre mieulx ne voulsisse cellui pour sa souffisance tost apres nostre sus dit bon prince qui lot agreable lui donna loffice comme il fust vacant de notaire et son secretaire a bourses et a gages et retint de sa court tres amer serviteur/