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B  I  B  L  I  O  T  H  E  C  A    A  U  G  U  S  T  A  N  A

 

 

 

 
Descartes
Les passions de l'âme
 


 






 




R é s p o n s e

à la seconde lettre

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Monsieur,

Je suis fort innocent de l'artifice, dont vous voulez croire que j'ai usé, pour empêcher que la grande lettre que vous m'aviez écrite l'an passé, ne soit publiée. Je n'ai eu aucun besoin d'en user. Car, outre que je ne crois nullement qu'elle pût produire l'effet que vous prétendez, je ne suis pas si enclin à l'oisiveté, que la crainte du travail auquel je serais obligé pour examiner plusieurs expériences, si j'avais reçu du public la commodité de les faire, puisse prévaloir au désir que j'ai de m'instruire, et de mettre par écrit quelque chose qui soit utile aux autres hommes. Je ne puis pas si bien m'excuser de la négligence dont vous me blâmez. Car j'avoue que j'ai été plus longtemps à revoir le petit traité que je vous envoie que je n'avais été ci-devant à le composer, et que néanmoins je n'y ai ajouté que peu de choses, et n'ai rien changé au discours, lequel est si simple et si bref qu'il fera connaître que mon dessein n'a pas été d'expliquer les passions en orateur, ni même en philosophe moral, mais seulement en physicien. Ainsi je prévois que ce traité n'aura pas meilleure fortune que mes autres écrits; et bien que son titre convie peut-être davantage de personnes à le lire, il n'y aura néanmoins que ceux qui prendront la peine de l'examiner avez soin, auxquels il puisse satisfaire. Tel qu'il est je le mets entre vos mains, etc.

D'Egmont, le 14 d'août 1649.
 
 
 
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