BIBLIOTHECA AUGUSTANA

 

Walter Benjamin

1892 - 1940

 

Charles Baudelaire,

Tableaux Parisiens

 

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[30]

A UNE PASSANTE

 

La rue assourdissante autour de moi hurlait.

Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,

Une femme passa, d'une main fastueuse

Soulevant, balançant le feston et l'ourlet;

 

Agile et noble, avec sa jambe de statue.

Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,

Dans son œil, ciel livide où germe l'ouragan,

La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.

 

Un éclair . . . puis la nuit! – Fugitive beauté

Dont le regard m'a fait soudainement renaître,

Ne te verrai-je plus que dans l'éternité?

 

Ailleurs, bien loin d'ici! trop tard! jamais peut-être!

Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,

O toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais!

 

 

 

[31]

EINER DAME

 

Geheul der Straße dröhnte rings im Raum.

Hoch schlank tiefschwarz, in ungemeinem Leide

Schritt eine Frau vorbei, die Hand am Kleide

Hob majestätisch den gerafften Saum;

 

Gemessen unnd belebt, ihr Knie gegossen.

Und ich verfiel in Krampf und Siechtum an

Dies Aug' den fahlen Himmel vorm Orkan

Und habe Lust zum Tode dran genossen.

 

Ein Blitz, dann Nacht! Die Flüchtige, nicht leiht

Sie sich dem Werdenden an ihrem Schimmer.

Seh ich dich nur noch in der Ewigkeit?

 

Weit fort von hier! zu spät! vielleicht auch nimmer?

Verborgen dir mein Weg und mir wohin du mußt

O du die mir bestimmt, o du die es gewußt!