B  I  B  L  I  O  T  H  E  C  A    A  U  G  U  S  T  A  N  A
           
  Iustinus
floruit ca. 350 p. Chr. n.
     
   


E p i t o m a
H i s t o r i a r u m   P h i l i p p i c a r u m
P o m p e i i   T r o g i


I n t r o d u c t i o n

_________________________________________________


Introduction I

Trogue Pompée, un citoyen romain d'origine Voconce
      La cité des Voconces
      L'octroi du droit de cité romaine au proauus de Trogue Pompée
      Le patruus de Trogue Pompée
      Le père de Trogue Pompée
      Stemma classique
      Stemma conjectural

Les témoins subsistants des Histoires de Trogue Pompée
      Les Prologues
      Structure des Prologues
      Justin et son Abrégé
           Qui est «Justin» ?
           Un auteur du IIe ou du IVe s. ?
           L'Abrégé de Justin
           Graphique comparatif de la longueur des livres de l'Abrégé
           La nature de l'Abrégé
           Le style de Justin

Les Histoires de Trogue Pompée
      Le titre et la date de composition de l'œuvre de Trogue Pompée
      Structure des Histoires Philippiques de Trogue Pompée
      Les sources de Trogue Pompée


Introduction II

Les manuscrits
      Classe I
          Première famille = t (AGM VQ)
          Deuxième famille = p (YO PZX)
      Classe II = i (EFSL)
      Classe III = g (C D)

Lacunes des mss

Les éditions
      Les incunables
      Éditions des XVIe-XVIIIe

Principes suivis pour cette édition

Conspectus Siglorum

Stemma


_________________________________________________

 
I n t r o d u c t i o n   I

      Le Gaulois Trogue Pompée, auteur d'un traité De Animalibus imité d'Aristote dont il ne reste que quelques fragments 1, avait écrit, sans doute sous le règne de Tibère, une histoire universelle en quarante-quatre livres qui ne nous est connue que par des résumés sommaires : les Prologues, ainsi que par un Abrégé, attribué par une partie de la tradition manuscrite à M. Iunian(i)us Iustinus, appelé en français Justin.


 Trogue Pompée,
un citoyen romain d'origine Voconce


      Tout ce que nous savons de Trogue Pompée nous a été transmis par les quelques lignes de la fin du livre 43 de l'Abrégé, ou Justin a résumé ce que Trogue Pompée disait de lui-même :

À la fin du livre, Trogue<dit que> ses ancêtres étaient d'origine voconce ; son arrière-grand-père Trogue Pompée avait reçu le droit de cité de Cn. Pompée pendant la guerre de Sertorius ; son oncle avait conduit des turmes de cavaliers sous les ordres du même Pompée pendant la guerre de Mithridate ; quant à son père, il avait servi sous les ordres de C. César et avait eu la charge de la correspondance et des ambassades, en même temps que la garde de son anneau 2.


 La cité des Voconces

      Les Voconces sont un peuple de la Gaule du Sud dont le territoire est localisé sur la rive gauche du Rhône entre l'Isère et la Durance ; leur capitale est Vaison-la-Romaine, sur l'Ouvèze, qui devint cité fédérée après la conquête romaine. Inclus dans la province de Gaule Narbonnaise, issue du territoire conquis par les Romains à partir de 125 a.C., les Voconces sont voisins de la cité de Marseille (Massilia), fondée par les Grecs de Phocée vers 600 a.C. 3, traditionnellement amie et alliée du peuple romain, cité indépendante jusqu'à la guerre civile entre César et les pompéiens.

 
L'octroi du droit de cité romaine au proauus de Trogue Pompée

      Le premier qui fut citoyen romain dans la famille de notre historien avait, selon l'usage onomastique romain, pris le nom et le prénom de l’imperator qui lui avait octroyé le droit de cité : Cn. Pompeius, tandis que son nom gaulois « Trogus » était devenu son cognomen.

      Était-il le grand-père (auus) ou l'arrière-grand-père (proauus) de Trogue Pompée, cela est sujet à discussion : jusqu'ici, la leçon auum suum porté les manuscrits regroupés sous les sigles t et i a été préférée par les éditeurs, contre la leçon de p et de CD proauum suum qui me semble être la bonne. Sans évoquer le précepte de Havet, souvent battu en brèche : lectio difficilior, lectio melior, on doit en présence d'une faute transversale de ce genre tenter de déterminer ce qui a pu amener à la faute une partie de la tradition. De fait, si on comprend bien comment des copistes ont pu écrire auus au lieu de proauus, car ils avaient trois raisons possibles : simplification, suppression de pro pris pour la préposition, harmonisation de la généalogie par suppression du «chaînon manquant», on ne voit pas ce qui aurait pu déterminer l'erreur inverse. Disons donc que c'est l'arrière-grand-père, plutôt que le grand père de Trogue Pompée qui a reçu le droit de cité, ce qui fait de l'historien un Romain de la quatrième génération.

      Justin nous a conservé la date de l'octroi de cette faveur : pendant la guerre de Sertorius, c'est-à-dire entre 77 et 71 a.C. À cette époque, Pompée, priuatus cum imperio, avait été chargé par le sénat de la conduite de la guerre contre Sertorius, l'ancien gouverneur marianiste qui avait fait sécession en Espagne, tandis que le nouveau proconsul d'Espagne ultérieure, Metellus Pius (79 a.C.), était bloqué au sud de la péninsule. Le grand Pompée, investi d'un imperium proconsulaire indéfini, leva en quarante jours des soldats en Italie et passa les Alpes en août-septembre 77 ; il réprima rapidement l'agitation en Gaule et passa en Espagne par le Perthus (avril 76). Pompée revenait régulièrement hiverner en Gaule du Sud qui fut alors soumise à nombre d'exactions dont le Pro Fonteio 4 de Cicéron nous atteste l'importance. La nécessité pour Pompée de maintenir ouvertes ses lignes de communications dans un espace barbare d'une loyauté peu sûre s'accompagnait de récompenses et d'incitations pour les notables des cités, tel l'octroi de la citoyenneté romaine dont bénéficia l'arrière-grand-père de Trogue Pompée, vraisemblablement selon les clauses de la lex Gellia Cornelia de ciuitate de 72 a.C. à laquelle Cicéron fait référence dans le Pro Balbo.

 
Le patruus de Trogue Pompée

      Le silence de Justin sur le grand-père de Trogue Pompée ne signifie pas que l'historien n'en parlait pas. Il est possible que seuls les services militaires de l'oncle paternel et du père de Trogue Pompée aient retenu l'attention de l'abréviateur. Quoi qu'il en soit, le patruus de l'historien a été un des officiers de la cavalerie auxiliaire de Pompée pendant la troisième guerre de Mithridate (66-63 a.C). Au cours de ses campagnes en Orient qui font suite à celles de Lucullus (74-67 a.C.), dont Fonteius, protecteur de la famille de Trogue Pompée, avait été le légat, Pompée disposait d'une armée d'au moins soixante mille hommes, composée des soldats de Lucullus qui s'étaient rengagés et des trois légions de Cilicie.

 
Le père de Trogue Pompée

      Justin nous dit que le père de Trogue Pompée sub C. Caesare militasse epistularumque ac legationum, simul et anuli curam habuisse : si les fonctions de chancellerie occupées ne posent pas de problèmes, on doit se demander auprès de quel C. Caesar Trogue Pompée les a exercées.

      La notice qui se rapporte au père de l'historien est comprise par tous les commentateurs comme se rapportant à César l'Ancien, pendant la guerre des Gaules ; cependant, ce César n'est pas habituellement nommé par Justin C. Caesar, mais Caesar tout court 5. Auguste est nommé soit Caesar, soit Augustus (42 et 44 passim).

      Deux membres de la gens Iulia sont nommés dans les textes C. Caesar : le fils de Julie et d'Agrippa, adopté par Auguste avec son frère Lucius, et l'empereur Caligula. Cet usage des auteurs anciens donne à penser que le père de Trogue Pompée n'a pas servi César l'Ancien, mais C. César, le fils adoptif d'Auguste : il a pu faire partie de l'entourage de l'héritier présomptif pendant l'expédition d'Orient (1 a.C.-1 p.C.) au cours de laquelle le prince rencontra le roi Phraate V Arsace XV (Phraatace), sur une île au milieu de l'Euphrate, fleuve admis comme la frontière des deux empires. Le père de Trogue Pompée aurait été alors un homme âgé, peut-être un ancien collaborateur d'Agrippa, père biologique du prince.


 
Stemma classique


 
Stemma conjectural



 Les témoins subsistants
des Histoires de Trogue Pompée


      Comme bien des œuvres longues, les Histoires de Trogue Pompée n'ont pas été suffisamment recopiées pour avoir une chance de nous parvenir dans leur intégralité. Des quarante-quatre livres que Trogue Pompée avait composés, il ne nous reste que deux témoignages : les Prologues, qui résument chaque livre en quelques lignes seulement, et une épitomè, de date inconnue, appelée traditionnellement Abrégé des Histoires Philippiques de Trogue Pompée et attribuée à Justin.

 
Les Prologues

      Les Prologues ont été édités pour la première fois par J. Bongarsius, qui les avaient trouvés dans un de ses manuscrits, sans doute le Parisinus 4950 (A) 6 ; il les avait disposés un par un livre par livre. Ensuite, le texte des Prologues a été émendé par plusieurs érudits : le principal fut l'abbé de Longuerue dont Abr. Gronovius a repris les notes dans ses éditions de Leyde 7.

      Les Prologues ont été composés à partir d'un manuscrit très ancien différent de ceux qui ont donné naissance à la tradition manuscrite de l'Abrégé : en témoignent des différences significatives dans les noms propres 8 et un passage déplacé : l'épisode d'Hannon le Grand 9.

      Dans leur état actuel, les Prologues me paraissent provenir du catalogue d'une bibliothèque romaine ; ils ont pu y être rédigés par un conservateur 10 au moment où un exemplaire de l'Abrégé est entré dans ses collections, ou bien résulter de la collation des étiquettes des uolumina. La rédaction de ces courts textes diffère de celle des sommaires du genre des periochae liviennes, aussi bien que de celle des capitula -titre des subdivisions logiques des textes- qui se généralisent dans les manuscrits à la fin de l'Antiquité 11. Les Prologues visent à donner une idée du contenu des livres, tandis que les periochae sont des abrégés qui contractent l'information, et les capitula sont des aides à la lecture des œuvres longues, qui aèrent le texte et permettent de retrouver un passage plus aisément.

      Le début de chaque prologue est constitué par une phrase simple qui admet deux variantes ; la première commence par un adjectif numéral ordinal à l'ablatif (primo, secundo, tertio...) suivi de uolumine continentur haec ; dans la seconde le démonstratif haec est remplacé par les noms res, res gestae, bella, origines, précisés par un adjectif ethnique accordé ou un anthroponyme au génitif. Chaque prologue comporte un nombre variable de phrases additionnelles, simples ou complexes dont beaucoup sont introduites par ut, adverbe de manière fonctionnant comme interrogatif, suivi indifféremment de l'indicatif ou du subjonctif. On remarque la fréquence de l'ellision du verbe être dans les tournures périphrastiques, et un usage abondant de l'ablatif absolu, utilisé avec une certaine insouciance des règles classiques. Le tableau ci-dessous met en évidence la fréquence de ces faits de langue.

 
Structure des Prologues

 
continentur haec
continentur + sujet
Phrases nominales
Phrases simples
Phrases complexes
Ellipse du verbe être
Vt + ind.
Vt + subj.
Relat. interro-gatives
abl. absolu
Nbre de lignes Teubner
1
+
 
 
4
4
4
1
 
 
2
12
2
+
 
 
1
3
1
1
 
 
2
11
3
+
 
2
2
4
1
1
2
 
2
11
4
 
+ res
 
1
 
 
 
 
 
 
3
5
+
 
2
2
3
1
1
 
 
 
7
6
+
 
4
4
2
1
 
 
 
1
11
7
 
+ origines
 
1
1*
1
 
 
 
 
5
8
 
+ res gest.
 
 
2
1
1
 
 
1
8
9
+
 
1
2
4
1
1
 
 
4
15
10
 
+ res
 
3
2
1
 
2
 
3
12
11
 
+ res
 
 
1
 
 
 
 
 
3
12
 
+ bella
 
 
2
1
1
 
 
 
8
13
+
 
3
4
4
1
 
2
 
1
9
14
+
 
 
1
3
1
1
 
 
2
9
15
+
 
1
5
5
3
3
 
 
1
14
16
+
 
 
2
3
3
2
1
 
3
13
17
+
 
 
1
3
 
2
 
 
3
13
18
 
+ res gest.
 
1
1
1
 
 
 
 
6
19
 
+ res gest.
1
 
2
 
 
 
 
 
7
20
 
+ res gest.
 
2
2
1
 
1
 
1
6
21
+
 
 
2
2
 
 
1
 
3
8
22
+
 
1
2
2
 
2
 
 
3
10
23
+
 
1
4
2
1
 
1
 
2
10
24
+
 
2
2
3
1
 
1
 
1
10
25
+
 
 
2
3
 
2
1
1
 
9
26
+
 
 
7
1
 
2
4
1
5
13
27
+
 
2
2
3
 
1
2
 
1
12
28
+
 
 
4
2
2
 
2
 
 
1
29
+
 
1
3
1
1
 
 
 
 
6
30
+
 
1
2
3
1
1
 
 
3
12
31
+
 
3
1
3
 
 
 
 
 
8
32
+
 
4
5
3
3
1
 
 
3
16
33
+
 
1
5
 
1
 
1
 
1
6
34
+
 
3
5
4
2
4
 
 
4
18
35
+
 
2
4
3
 
2
1
 
1
12
36
+
 
 
4
2
1
3
 
 
5
9
37
+
 
 
1
1
2
1
 
 
 
7
38
+
 
 
2
2
1
 
2
 
5
9
39
+
 
 
1
4
 
2
3
 
8
18
40
+
 
 
1
3
 
2
1
 
7
16
41
 
+ res
 
4
1
2
2
 
 
1
10
42
 
+ res
1
4
3
2
3
 
 
 
12
43
 
+ origines
1
2
 
 
 
 
 
 
4
44
 
+ res
 
1
 
 
 
 
 
 
2
 
continentur haec
continentur + sujet
Phrases nominales
Phrases simples
Phrases complexes
Ellipse du verbe être
Vt + ind.
Vt + subj.
Relat. interro-gatives
abl. absolu
Nbre de lignes Teubner
 
* asyndète

 
Justin et son Abrégé
 
      Qui est «Justin» ?

      Comment parler de la vie d'un auteur dont même le nom est douteux ? La sagacité des chercheurs, mais aussi l'imagination des érudits, se sont exercées dans ce domaine depuis la Renaissance.

      Partons de ce qui est certain : l'auteur de l'Abrégé est nommé Iunian(i)us 12 Iustinus dans les incipit de deux seulement des manuscrits anciens qui fondent les éditions du texte de l'Abrégé : le Laurentinus 66,21 (C) qui ajoute le prénom Marcus, et le Vaticanus latinus 1860 (D). L'auteur n'est pas nommé dans les autres manuscrits.

      Iunian(i)us, et Iustinus sont l'un et l'autre des cognomina ; on connaît plusieurs membres de l'ordre sénatorial qui portent les surnoms Iunianus 13 ou Iustinus 14.

      On trouve Iunianus suivi d'un second cognomen dans le cas de deux personnages de l'ordre sénatorial : P. Iulius Iunianus Martialinus, consul entre 227 et 230 et son fils P. Iulius Iunianus Tironillianus, connus par des inscriptions africaines 15, ce qui fait penser que le nom complet de notre auteur aurait pu être M. (Iulius) Iunianus Iustinus ; l'omission du gentilice Iulius, l'un des plus fréquents, sinon le plus fréquent, étant conforme à l'usage, au moins à partir du milieu du IIIe s., soit une génération environ après l'édit de Caracalla. Ainsi, il n'est pas invraisemblable de faire naître Justin en Afrique, comme certains l'ont proposé 16.

      Notons que Jérôme, Augustin et Orose, qui ont utilisé l'Abrégé, en nomment l'auteur Iustinus, tout court, ce qui est conforme aux usages onomastiques de leur époque, où les hommes s'identifient par leur cognomen, devenu le nom individuel d'usage.

 
      Un auteur du IIe ou du IVe s. ?

      Justin a très anciennement été identifié, à tort, par le chroniqueur médiéval Martin de Troppau (Martinus Oppaviensis † 1278) et quelques autres, avec l'apologiste chrétien Justin martyr († 165) qui écrit en grec à l'époque d'Antonin. L'identification ne repose que sur la similitude de l'un des surnoms, ce qu'avait déjà critiqué à bon droit Jacques Bongars (Bongarsius) dans la préface de son édition de l'Abrégé 17. Cette erreur ancienne a donné lieu à une interpolation dans des manuscrits tardifs où on lit dans la préface quod ad te imperator Antonine non tamen cognoscendi causa... ; l'interpolation et la datation qui en découlent avaient été acceptées par Jean Gérard Vossius (1577-1649) 18, qui refusait ainsi la thèse exposée par Gualterius Burleus dans ses Vies des Philosophes, selon laquelle Justin aurait été le propre fils de Trogue Pompée 19.

      Une fois repoussée cette identification qui repose sur une homonymie, la question de la date de Justin se pose, mais en l'absence totale d'indices probants 20, elle ne peut être résolue.

      Le terminus ante quem de la rédaction de l'Abrégé est la rédaction, à la fin du IVe s., des Histoires d'Ammien Marcellin qui a utilisé notre auteur à trois reprises 21. Vers la même époque, le rédacteur de l'Histoire Auguste cite «Trogus» parmi d'autres historiens 22; parallèlement, Jérôme (c.350-420), Augustin (354-430) et Orose (c.385?-418?) l'ont lu et cité.

      Un exemplaire de l'Abrégé se trouvait donc à Rome dans les années 390, époque où Ammien Marcellin l'a sans doute utilisé, sans toutefois nommer ni Trogue Pompée, ni Justin. Il est possible que ce même manuscrit ait été utilisé par Jérôme pour son Commentaire sur Daniel 23, soit qu'il ait pris des notes quand il était le secrétaire du pape Libère (382-385), soit qu'il en ait emporté une copie à Bethléem en 386, ou bien encore qu'un de ses correspondants lui en ait envoyé une. C'est peut-être sur l'exemplaire de Jérôme qu'a été copié celui qu'Orose a utilisé en Afrique en 416-417, sans doute à Carthage, pour la seconde étape de la rédaction de ses Histoires, après son séjour à Bethléem de 415 24. Augustin avait dans sa bibliothèque à Hippone une autre copie de l'Abrégé qu'il a utilisé au cours de la rédaction du livre V de la Cité de Dieu, paru avant Pâques 415 25; sa bibliothèque a été envoyée à Rome après que Genséric se fut emparé de l'Afrique 26.

      La courte préface mise par Justin en tête de son œuvre a le caractère d'une captatio beneuolentiae classique où apparaissent quelques éléments autobiographiques : il a travaillé à Rome et il semble être le client - ou l'élève - d'un savant personnage à qui il dédie son travail. Si intéressantes qu'elles soient pour apprécier le genre de travail accompli par Justin, ces informations ne peuvent évidemment suffire à dater la rédaction de l'Abrégé et à identifier le protecteur de son auteur. La possibilité, étudiée par O. Seel 27, que Justin ait utilisé dans sa préface une partie du contenu de celle de Trogue Pompée, qui avait aussi la forme d'une épître dédicatoire, complique encore la question.

      En l'état actuel de notre documentation, on ne peut exclure aucune datation : depuis une date haute, très proche de la rédaction des Histoires Philippiques par Trogue Pompée, jusqu'au dernier quart du IVe s. 28, en passant par les environs de 200 29, date charnière ou moyenne raisonnable ? Pour ma part, en l'absence de tout critère interne valable de datation, je proposerais de situer Justin à l'époque de Constance II 30 et de ses successeurs, époque qui voit un renouveau du goût pour l'histoire, sous forme de la rédaction d'œuvres courtes, réalisant une mise en ordre des connaissances historiques, tels le Livre des Césars d'Aurelius Victor 31 et les deux synthèses écrites pour Valens : le Bréviaire d'Eutrope 32 et l'Abrégé de Festus 33.

 
      L'Abrégé de Justin

      Les titres donnés par la tradition manuscrite à l'abrégé de Justin identifient sans ambiguïté le genre de son travail comme une épitomè de Trogue Pompée :

 
t
p
i
g
     pompei trogi epitoma historiarum liber XLIIII
+
+
 
 
     pompei trogi liber... Ø Justin, Ø epitoma
 
 
+
 
     m. iuniani. iustini. epithoma historiarum liber...
 
 
 
C
     iuniani iustini epithoma historiarum liber...
 
 
 
D


      L'Abrégé de Justin est une adaptation dont rien ne garantit la fidélité au texte et à la pensée de Trogue Pompée : la préface indique que Justin a fait des choix dans l'œuvre :

Donc, de ces quarante-quatre volumes [...] j'ai extrait [...] ce qui était le plus digne d'être connu, et, ayant omis ce qui n'était ni attrayant à apprendre, ni indispensable comme exemple, j'ai fait un bref recueil, un florilège pour ainsi dire, afin que ceux qui avaient fait des études en grec l'aient pour se rafraîchir la mémoire, et que ceux qui n'ont pas fait ces études l'aient pour s'instruire.

      Il semble que Justin ait gardé le pittoresque, les aventures, l'horrible, l'admirable, le pathos et l'èthos, mais peut-être était-ce déjà les choix de Trogue Pompée, qui avait lui-même été un abréviateur. Par-delà ces choix, la matière historique a été inégalement abrégée : certains livres (XXXIII, XXXV, XL) ne sont plus représentés que par une ou deux pages ; dans la seconde moitié de l'ouvrage, on a pu estimer entre le quart et les trois-quarts le volume de ce qui n'a pas été repris par Justin et le récit est parfois si condensé qu'il en devient incompréhensible.

 
      Graphique comparatif de la longueur des livres de l'Abrégé 34



      La dénonciation de défauts inhérents au genre de l'abrégé et qui ne sont pas propres à Justin, ainsi que le regret d'avoir perdu le texte intégral de Trogue Pompée et les précieux renseignements qu'il pouvait contenir se combinent pour amener un jugement dépréciatif, parfois très sévère, à propos du pauvre abréviateur. Ainsi, le florilège des textes relevés dans les histoires littéraires de la fin de l'ancien régime et du début du XIXe s., et cités par Nicolas Lemaire dans son édition 35: Justin est accusé de la disparition du texte de Trogue Pompée, de l'avoir dénaturé sottement, et quand il est intéressant ou qu'il écrit bien, c'est parce qu'il copie servilement. Les abréviateurs en général sont traités par le chancelier Hénault de : Vers rongeurs de l'histoire qui n'en ont laissé que des lambeaux 36.

 
      La nature de l'Abrégé

      La première question porte sur la nature de l'œuvre :

      Est-ce un recueil d'excerpta, c'est-à-dire de morceaux choisis, comme semble l'indiquer la préface, auxquels s'ajouteraient éventuellement des phrases de liaison 37? Est-ce une epitoma, du type des Histoires d'Orose, comprenant des passages cités ad uerbum, des contractions et des amplifications de texte, la réécriture de passages entiers pour en améliorer le style 38, voire des ajouts venus d'une autre source ou de la mémoire scolaire du scripteur, ainsi que, çà et là, l'exposé de ses propres idées ? La majorité s'est toujours ralliée à la première hypothèse, mais la seconde me semble mieux rendre compte de la réalité, si on procède à un examen soigneux du texte.

      Une comparaison du texte des Prologues avec celui de l'Abrégé 39 montre un grand nombre d'omissions de Justin en même temps que des additions apparentes difficiles à interpréter. Sachant que l'exemplaire de Trogue Pompée utilisé par Justin était différent de celui pour lequel ont été composés les Prologues, on peut avancer quelques hypothèses : il est possible que Justin ait travaillé sur un exemplaire incomplet, mutilé ou abîmé, ce qui expliquerait les coupes sauvages dans certains livres ; ou bien Justin a pu travailler sur un exemplaire de Trogue Pompée plus complet pour certains livres que celui qui était conservé dans la bibliothèque où les prologues ont été composés. De plus, Justin a pu parfois rédiger suo Marte : l'attention est spécialement attirée par deux longs passages, qui sont sans correspondance avec les prologues : l'histoire de la reine Tamyris et l'outrage fait au cadavre de Cyrus (1,8,1-13), en contradiction totale avec la conclusion sur le règne de Cyrus qui suit immédiatement (1,8,14), et l'histoire des Amazones (2,4,1-33).

 
      Le style de Justin

      On remarque dans l'Abrégé l'alternance de deux styles de caractère différent : un style très travaillé, usant des ressources de la rhétorique, avec des périodes souvent embarrassées, parfois boiteuses ou inachevées ; cette manière d'écrire s'accompagne d'une abondance de tropes : hendiadyn (dans les premiers livres surtout), zeugma, hypallage, syllepse, synecdoque... D'autres fois, le style est simple et plat, tout en restant toujours correct, sans marques de la latinité tardive.

      On relève par endroits des expressions dont la signification est parfois opaque et dont la traduction nécessite un recours à la rétroversion sur le grec, langue source théorique de Trogue Pompée ; j'ai signalé les principaux dans les notes à la traduction.

      L'alternance continuelle présent/parfait, qui semble plutôt maladresse qu'effet de style, attire l'attention : l'hypothèse que Justin a changé de temps quand il résumait ne peut expliquer ces incohérences ; peut-être suit-il ad uerbum Trogue Pompée qui aurait traduit tantôt par un présent, tantôt par un parfait, sans système, les aoristes grecs qu'il lisait dans ses sources. Soucieux de style, Orose, utilisateur de Justin, change les présents de sa source en parfaits.

 

Les Histoires de Trogue Pompée

      Comme il est habituel dans le cas des œuvres longues, les Histoires Philippiques durent être peu diffusées à l'origine, et peut-être pas du tout comme ce fut le cas pour l'opus iustum de Velleius Paterculus, ou les Histoires de Pline l'Ancien.

      Le texte intégral de Trogue Pompée était peut-être encore consultable au Ve s. : on en a deux citations de Servius 40 et deux de Priscien 41 qui ne se retrouvent pas dans Justin, mais peuvent aussi avoir été reprises de grammairiens plus anciens.

      Trogue Pompée est cité par «Flavius Vopiscus» parmi les historiens menteurs, après Tite-Live, Salluste et Tacite dans une longue période rhétorique dont les idées sont bien caractéristiques de la manière de l«imposteur» 42, mais aussi, avec les mêmes parmi les uiri disertissimi après Salluste, Tite-Live et Tacite 43, qu'il dit ne pas vouloir imiter. À partir de cette seule énumération de quatre «grands historiens», où Trogue Pompée figure avec Salluste, Tite-Live et Tacite, il est difficile de déterminer si le rédacteur de l'Histoire Auguste, lettré même s'il était un «faussaire», connaissait l'œuvre originelle de Trogue Pompée, ou seulement l'abrégé qui nous a été transmis sous le nom de Justin.

      Pour leur part, Jérôme (Commentarii in Danielem), Orose (Histoires) et Augustin (Cité de Dieu) ne connaissent que Justin, abréviateur de Trogue Pompée.

      Humanistes et érudits ont longtemps espéré retrouver le texte complet de Trogue Pompée. Ainsi, Jean-Albert Fabricius 44 écrit qu'Alde Manuce croyait à l'existence d'un manuscrit complet des Histoires dans la bibliothèque de Marquardus Gudius, et qu'il se réjouissait à l'avance de pouvoir l'éditer, et rappelle que Wagenseilius raconte (Sota, p.576) comment il a sauté de joie en découvrant à la bibliothèque de l'Escorial un gros manuscrit inscrit au nom de Trogue Pompée, mais quand il l'a ouvert, ce n'était que Justin.

 
Le titre et la date de composition de l'œuvre de Trogue Pompée

      Le titre donné aux Prologues par les manuscrits des deux familles de la classe I, t et p est liber historiarum philippicarum et totius mundi origines et terrae situs. Il comporte trois éléments :

Livre des Histoires philippiques,
l'histoire ancienne du monde entier,
les contrées de la terre.

qui rendent bien compte de la nature de l'œuvre même s'il est vraisemblable que ce titre complexe ne remonte pas à l'auteur. Le titre principal Histoires philippiques est dicté par la structure du récit qui s'articule autour de l'histoire de la dynastie macédonienne, comme on le verra plus loin ; le premier sous-titre reprend un élément de la préface originelle conservé par Justin : totius orbis historias... composuit, et indique au lecteur qu'il a en main une communis historia qui remonte aux origines des peuples et des cités ; le second sous-titre insiste sur les éléments de chorographie que Trogue Pompée avait insérés systématiquement dans ses Histoires, et que Justin n'a repris que dans sa brève description de la Sicile.

      Les Histoires «Philippiques» ont été composées au début du Haut-empire, à l'époque des premiers Julio-Claudiens. Le terminus post quem de la rédaction proprement dite est, à la fin du livre 44, la mention de l'achèvement de la pacification de l'Espagne après la campagne d'Auguste et d'Agrippa contre les Astures et les Cantabres (26-19 a.C.). Cependant il y a des allusions à des événements plus récents dans le corps du texte : le seul qui soit datable avec exactitude est l'indication de la remise en otage à Auguste des fils de Phraate IV (10 a.C.), après que l'Arsace eut rendu les enseignes de Crassus et d'Antoine (20 a.C.) 45. Au début du livre 41, il est dit en introduction à la rétrospective d'histoire des Parthes (livres 41-42) que ces derniers gouvernent actuellement l'empire de l'Orient comme par un partage du monde fait avec les Romains, ce qui correspond à la réalité de la fin du règne d'Auguste après l'entrevue de Phraate V avec Caius César.

      Une remarque en forme d'incise sur la titulature royale parthe comparée à la titulature impériale 46 ne peut avoir été écrite avant le début du règne de Tibère ; l'auteur du texte en question compare le nom royal Arsace, porté par tous les rois parthes, aux surnoms de César et d'Auguste, donnés par les Romains à leurs propres souverains. La phrase a été transmise par l'ensemble de la tradition manuscrite, ce qui rend plus qu'improbable qu'elle résulte d'une glose marginale passée dans le texte de l'Abrégé, mais a-t-elle été écrite par Trogue Pompée ou bien résulte-t-elle d'un ajout de Justin ? Elle semble s'inscrire en continuité avec le texte, et pour ma part, je la crois originale. C'est d'ailleurs du règne de Tibère qu'O. Seel, ce grand connaisseur de Trogue Pompée datait la rédaction des Histoires philippiques 47.

 
Structure des Histoires Philippiques de Trogue Pompée

      Le plan de Trogue Pompée est fondé sur le thème de la succession des empires, qui avait trouvé sa première formulation dans le Livre de Daniel 48, et avait été adapté et réactualisé en fonction de la conquête romaine. Aemilius Sura, dans les Années du peuple romain, qui ne sont connues que par une glose au texte de Velleius Paterculus, avait, peu avant le règne d'Auguste, ajouté un cinquième empire, celui des Romains, à la liste traditionnelle qui énumérait : Babyloniens/ Assyriens, Mèdes, Perses, Macédoniens. Vers la même époque, les Athéniens et les Spartiates sont insérés comme une espèce de parenthèse dans les quatre hégémonies classiques rappelées par Diodore de Sicile dans la préface de ses Antiquités Romaines, et un comput différent apparaît, sans doute dans les Chroniques de Cornelius Nepos, source d'un auteur de manuel scolaire de la fin des Antonins, Ampelius 49: Spartiates et Athéniens s'intercalent entre la puissance perse et les royaumes macédoniens.

      L'histoire des rois des Macédoniens Philippe et Alexandre (livres VII-XII) est le centre et le nœud de la composition des Histoires de Trogue Pompée : le royaume macédonien succédant, grâce à eux, aux trois empires précédents, celui des Assyriens fondé par Ninus et Sémiramis, puis celui des Mèdes, avec une rupture dans la continuité du pouvoir : la mort de Sardanapale ; les Perses succèdent aux Mèdes sans rupture puisque Cyrus est le petit-fils d'Astyage. Avant les Macédoniens, il y avait les Perses, dont l'empire se termine avec la mort de Darius III, et Trogue Pompée examine comment ils avaient bâti leur empire, le troisième après ceux des Assyriens et des Mèdes ; après Philippe et Alexandre, il y eut les diadoques, les épigones et les souverains hellénistiques, et Trogue Pompée raconte comment ils perdirent leurs royaumes au profit des deux empires successeurs, celui des Parthes et celui des Romains.

      La composition rayonnante s'inspire peut-être de celle jadis utilisée par Hérodote dans les prolégomènes (livres I-IV) de ses Histoires 50; ainsi, chez Trogue Pompée, les conflits des Athéniens et des Lacédémoniens sont traités avec des références constantes au conflit latent ou ouvert avec les Perses, et aux interventions du Roi dans les affaires grecques. Les excursus sur Athènes (livre II) et Lacédémone (livre III) sont amenés par les péripéties du conflit plus général entre Grecs et Perses. L'histoire de Carthage constitue un long excursus (livres XVIII-XXIII) appelé par l'histoire des guerres de Pyrrhus qui passe en Sicile contre les Carthaginois.

      Les discours, sans doute nombreux en accord avec les principes du genre historique, étaient rédigés en style indirect, du moins c'est ce que nous assure Justin dans la déclaration qui introduit le discours de Mithridate Eupator à ses troupes, qu'il dit avoir recopié intégralement 51:

À ce moment, il convoque ses soldats en assemblée et, par des exhortations variées, il les excite à la guerre contre Rome ou, si l'on préfère, pour l'Asie ; et j'ai estimé ce discours digne que j'en insère une copie dans le court espace de cet ouvrage-ci : Trogue-Pompée l'a rédigé en style indirect puisqu'il reprochait à Tite-Live et à Salluste d'être sortis des usages de l'histoire en insérant dans leurs œuvres des harangues en style direct au lieu de leurs propres compositions.


      La règle est que le discours est toujours refait par l'historien, même s'il possède la sténographie du discours prononcé, mais quoiqu'en dise Trogue Pompée, le discours peut être refait au style direct. Malgré l'affirmation de Justin, on relève dans l'Abrégé quelque cinq discours directs 52, sans pouvoir affirmer qu'ils avaient cette forme dans l'œuvre de Trogue Pompée ; ils sont très brefs : le plus long est celui d'Eumène à ses soldats révoltés 53.

 
Les sources de Trogue Pompée

      Dans l'Abrégé de Justin, aucune source n'est citée ; l'auteur emploie des formules vagues comme auctores (omnes, multi...), opinio omnium, dicitur, traduntur, ferunt. On ne peut savoir si Trogue Pompée faisait nommément référence, dans sa préface ou au cours de sa rédaction, aux historiens grecs qu'il utilisait ; c'est probable, car les auteurs romains avaient coutume de le faire, de façon d'ailleurs non systématique. La Quellenforschung, complexe étant donné la grande étendue chronologique d'une œuvre qui se veut histoire universelle, est simplifiée par la connaissance des méthodes de travail des historiens de l'époque, et l'existence de textes sources, entiers ou fragmentaires, et de textes parallèles qui sont parvenus jusqu'à nous.

      L'hypothèse qui voit dans Timagène la source unique de Trogue Pompée qui se serait borné à écrire une adaptation latine du Peri basilewn, totalement perdu, de l'historien d'Alexandrie a été autrefois avancée par A. von Gutschmid 54, puis reprise et atténuée par C. Wachsmuth 55 et repoussée par A. Momigliano 56: elle est actuellement plus ou moins abandonnée. De fait, cette hypothèse est contredite par la préface et ne résiste pas au simple examen des nombreuses incohérences qui ne résultent pas de coupures maladroitement effectuées par Justin, telle la présentation contradictoire que fait Trogue Pompée de certains personnages et de leurs actions.

      À la suite des très nombreuses recherches ponctuelles et des essais de synthèses des spécialistes, on s'accorde sur le fait que Trogue Pompée a utilisé presque exclusivement des sources grecques 57, les principales étant Éphore (livres 1-6 ; 9-10), Théopompe (livres 6-9), Clitarque (livre 11-12), Hieronymos de Cardie (livres 13-17 ; 24-25), Timée (livre 18-23), Philarque (livres 26-28), Polybe (livres 29-35), Poseidonios d'Apamée (livres 36-38), Apollodore d'Artemita (livre 41), Dioclès de Péparethos (livre 43) ; il a eu occasionnellement recours à Hérodote (livre 1), directement 58 ou indirectement 59 à travers des sources dont une des sources était Hérodote (Éphore ou Théopompe ?), Thucydide (livre 2), Xénophon (livre 5), Douris de Samos (livre 5), le patricien romain écrivant en grec Fabius Pictor (livre 18), Métrodore de Skepsis (livres 37-38), directement ou, plus probablement, indirectement par l'intermédiaire de Poseidonios.

      Trogue Pompée a peut-être utilisé quelques sources latines, là où il n'y avait pas de sources grecques et aussi par commodité, mais ces emprunts qui ressortissent à la culture générale plus qu'à la recherche de l'historien ne se signalent pas dans le corps du texte de l'Abrégé. Dans les derniers livres, le recours à des sources familiales, essentiellement la mémoire de son grand-père, de son père et de son oncle, clients de Pompée, a pu être important.


 

I n t r o d u c t i o n   I I

Les manuscrits

      Les manuscrits de l'Abrégé de Justin ont été très nombreux : plus de deux cents d'entre eux existent encore à notre époque, mais aucun n'est antérieur à la réforme caroline ; les plus anciens sont cinq manuscrits du IXe s. dont quatre nous sont parvenus à peu près complets (AVQ P), tandis que le cinquième se réduit au deux premiers livres (Y) ; puis il y a deux manuscrits du Xe s. (M E) : le premier a conservé trois livres complets et quelques fragments des autres, le second présente les trois lacunes caractéristiques de sa famille ; ajoutons quatre manuscrits du XIe s. (FSL C) et un du début du XIIe (O).

      Ensuite, il y a une multiplication des copies du texte de l'Abrégé, spécialement en Italie : une grossartige Fabrikation von Iustin-Handschr. comme l'a écrit plaisamment Rühl, et la plupart des manuscrits sont interpolés et contaminés : cependant quatre d'entre eux (PZX D) sont importants pour l'établissement du texte, comme on le verra.

      Après l'époque des Humanistes qui a réalisé les premières éditions imprimées de l'Abrégé, fondées sur un ou plusieurs manuscrits, au gré et selon la commodité de l'éditeur, d'estimables savants, tels Jacques Bongars (Bongarsius) à Paris à la fin du XVIe s. ou Abraham Gronouw (Gronovius) à Leyde au début du XVIIIe s. avaient collationné un bon choix de manuscrits pour leurs éditions 1, mais, comme pour la plupart des autres œuvres latines, il faut attendre la deuxième moitié du XIXe s. pour voir apparaître la première édition critique du texte de l'Abrégé, rédigée selon les principes modernes de la critique des textes initiée par Lachman dans son édition de Lucrèce (1850).

      L'ensemble de la tradition manuscrite de l'Abrégé a été étudié par quatre philologues : I. Ieep, F. Rühl, M. Galdi et O. Seel, en vue de leurs éditions 2; le résultat de leurs travaux respectifs met en évidence une répartition tripartite des manuscrits anciens de l'Abrégé ; la première des trois classes ainsi déterminées se divisant elle-même en deux familles 3.

 
Classe I

      La première classe des manuscrits, la mieux représentée de nos jours en manuscrits anciens, descend d'un archétype a qui se caractérise par l'adjonction de Prologues, venus d'une tradition différente, en tête du texte de Justin, ainsi que par beaucoup de leçons communes, bonnes ou mauvaises.

      La première classe se divise en deux familles que désignent depuis l'édition de Galdi les sigles t et p, qu'il a paru préférable de ne pas changer ; la première est liée à Alcuin et à la réforme caroline, la seconde semble dérivée d'un manuscrit qui se trouvait à la bibliothèque de la cathédrale de Vérone.

 
      Première famille = t (AGM VQ)

      La «Famille transalpine», comme l'avait appelée Rühl qui lui avait attribué le sigle T, descend d'un ancêtre commun qui présentait au livre IX une lacune d'un peu plus de cent mots (7, 3 ex nouerca - 9 praeparatos).

      L'ancêtre des manuscrits connus de cette famille pourrait être un manuscrit de la bibliothèque de la cathédrale d'York, le Pompeius cité par Alcuin dans son poème sur York. Ce manuscrit aurait été le modèle d'un manuscrit, copié en Northumbrie et passé ensuite à la cour de Charlemagne, dont il ne reste qu'un feuillet, retrouvé à Weinheim dans la collection Fischer et publié au début du XXe s. 4.

      Ses plus anciens témoins sont quatre manuscrits du IXe s. ; trois d'entre eux, cette lacune mise à part, nous sont parvenus complets : le Parisinus 4950 et, d'autre part, le Vossianus L.Q. 32 et l'Ashburnhamensis L 29 qui ont conservé ce qui peut être le titre original de l'œuvre de Trogue Pompée. Le quatrième manuscrit, le Gissensis 79 présente une lacune supplémentaire importante au livre II (4,16 Mar]tesia - 6,14 per diuortium).

  • Le Parisinus 4950, olim Puteanus 5 (A), qui fut qualifié par Bongarsius 6 de codex optimus. Il a été écrit vers 800 dans la France du nord-est, et a appartenu à Corbie

  • Le Vossianus L.Q. 32, olim Floriacensis 7 (V), appelé Leidensis IV par Abr. Gronovius 8, un manuscrit de Fleury qui compte 132 pages, sur lequel on relève des corrections de deux mains différentes. On peut lire au début : liber historiarum philippicarum et totius mundi origines et terrae situs, puis suit le texte des Prologues qui se termine par explicit prologus libri XLIIII incipit praefatio. À la fin du livre XLIV, on lit la souscription : lib sci benedicti abb floriacensis. pompei trogi epithoma historiarum liber XLIIII expl feliciter.

  • L'Ashburnhamensis L 29 olim Montepessulanus 9 (Q), qui a beaucoup voyagé, aurait été lu aussi écrit à Fleury 10. Il porte au f.1v, avant les prologues (f. 1v - 8r) le titre : liber hystoriarum philippicarum et totius mundi origines et terrae situs. Le manuscrit se termine au f. 119v, par la souscription suivante : pompei trogi epithoma historiarvm libe (sic) xliiii explicit feliciter malbertus scribsit..

  • Le Gissensis 79, olim Weingartensis 11 (G) a été écrit par deux copistes selon Rühl qui avait commencé par dater le manuscrit du XIIe s. avant de placer sa rédaction au IXe s. Pour leur part, Galdi et Seel estiment que le manuscrit a été réalisé par un seul scribe, au IXe s.

    Le Gissensis a servi de modèle à un autre manuscrit : le Sangallensis 623 12, du IXe s. (H), dont le début manque ; il contient le texte de Justin, mais sans les Prologues, et porte entre les livres I et II l'inscription : pompei trogi epitoma hystoriaru lib primus. explic. incipit liber secundus. Le Gissensis est vraisemblablement aussi l'ancêtre du Marburgensis A 2 13, du XVe s. (A2).

Parmi les autres manuscrits, plus récents de cette famille se trouvent deux manuscrits des Xe-XIe s. le Monacensis 601 14 et le Franequeranus 24 nunc Leeuwardensis 15.

  • Le Monacensis 601 (M) du Xe s.a conservé les livres II (f.23r-35v), XLIII et XLIV (f.35r -41v) complets et des fragments en désordre des livres XI-XIII (f.42r -55r) et XVIII (f. 55v-58v) ; il porte un texte proche de celui de A G. Au milieu du f. 23r, on lit une rubrique : pompei trogi epitoma hystoriarum. / lib. primus explic. incipit liber / secundus.

  • Le Leeuwardensis auquel les éditeurs précédents ont affecté le sigle R porte un texte très proche de celui de VQ, tout en étant plus tardif ; il n'a donc pas paru nécessaire de donner dans l'apparat les leçons de ce manuscrit.

 
      Deuxième famille = p (YO PZX)

      Elle comprend deux manuscrits qui semblent parents : le Petropolitanus 422 16, du IXe, et le Palatino-Vaticanus 927 17, de la fin du XIIe s., et nous sont parvenus à l'état de fragments ; les deux manuscrits ont été copiés à Vérone ou dans son aire d'influence :

  • le Petropolitanus 422 (Y), un manuscrit du IXe s. conservé à St Pétersbourg, a fait partie de la collection Dubrowsky, dont il porte la marque au f. 1r. Il ne reste du texte de l'Abrégé que le livre I, sans la préface, qui commencepar l'inscription Incipit epitoma ex libris pompei trogi, et le livre II qui porte un titre : de scytharum regno. On y relève quelques corrections et interpolations du IXe s.

  • le Palatino-Vaticanus 927 (O) a été écrit au monastère de la Sainte Trinité près de Vérone en 1181. Il n'en reste que le début, à partir de la préface (livre I et II, jusqu'à II,5,12) et la fin (livres XLIII-XLIV).

et trois manuscrits complets de la fin du XIIIe et du XIVe s. : Brit. Mus. Add. 19906 18, Harleianus 4822 19 et Laurentianus 66,19 20, qui présentent une lacune commune (36, 1,1 - 2,16) et ont vraisemblablement un modèle commun, soit celui de P, soit P lui-même. Il faut sans doute ajouter à cette famille le Neapolitanus IV. C. 43, un manuscrit qui compte 44 ff. et a été écrit en 1279 par Petrus de Dolcanis de Vérone. Ce manuscrit qui porte le sigle G dans les éditions précédentes est surchargé de corrections et de gloses marginales et très corrompu et interpolé 21.

  • Le Brit. Mus. Add. 19906 (P) a été copié en 1290 par un des premiers humanistes, le Padouan Lovato Lovati (1241-1309), sur un modèle exécuté au monastère de Pomposa (delta du Pô) peu avant 1100 22. Le manuscrit contient aussi des poèmes de Lovato Lovati.

    Au f. 1r, P a un titre : .T. Nomine domini incipit prologus pompei trogi primo uolumine continentur hec ... ; au f. 4r, on lit : Explicit prologus incipit praephatio de centius delubrio ... Explicit praefatio. Incipit Initium operis ; au f. 7r Pompei trogi epitoma historiarum lib primus explicit incipit secundus liber.

    Au f. 60r P porte une souscription recopiée sur son modèle : Explicit deo iuuante pompei trogi liber XLIIII scribente teuzone monacho pomposie nepote episcopi teuzonis. die mensis dec XXIII regnante henrico imperatore pomposiam uero gubernante hieronimo abbate. Gens permixta aliis gentibus sarracenos persequitur.

    On note des scholies de deux mains du XIVe et du XVe s. et des corrections d'une main du XVe s.

  • L'Harleianus 4822 (Z), écrit au XIVe s., contient à la suite du texte de Justin une Historia Francorum ; par ailleurs, le manuscrit porte à peu près les mêmes inscriptions que P.

    On remarque la perte du f. 49 : ad persas (41,1,4) -› caede ex secu (42,1,5) qui a été remplacé par un f. écrit d'une main plus récente, et des corrections par un érudit du XVe s. qui a utilisé un manuscrit de la classe II

    Il a été catalogué par Zacharias dans les livres de la Bibl. Pistoriensis 23.

  • Le Laurentianus 66,19 (X) a été ausi écrit au XIVe s., en deux colonnes, et corrigé par une main du XVe s. qui a utilisé un manuscrit de la classe II ; c'est le plus contaminé des manuscrits de la classe I. Le texte de Justin commence au f. 4v ; après la fin de la préface, il y a une interpolation ; d'abord une rubrique, Policratus in prologo suo dicit , puis à l'encre noire : Nouerca siquidem uirtutis prosperitas, betul'sius sic applaudet ut narrat. Et infelici successu sic inicia fortunatis obsequitur ut in finem perniciem operetur. Convivis suis ab initio propinans dulcia et cum in ebrietati fuerint letale uirus imiscet et quod deterius est quo spem sui clarescit amplius eo stupentibus odiis densiorem infundit caliginem ; et enfin une seconde rubrique : Explicit praefatio. Incipit initium operis.

Après le texte de l'Abrégé, le copiste a transcrit des extraits d'Orose, des lettres d'Honorius et la Chronique de Bède le Vénérable (f. 78r - 164v).

 
Classe II = i (EFSL)

      La classe II est mise en évidence par l'étude de quatre manuscrits, l'un du Xe s., l'Eusebianus 177 24, et les autres du XIe s., le Laurentianus 66, 20 25, le Sessorianus 17 26 et le Vossianus L.Q. 101 27 qui sont étroitement apparentés. L'Eusebianus, le Laurentianus et le Vossianus ont trois lacunes importantes (II, 13,8-15,3 ; VIII, 3,11-4,12 et XII, 10,6-21,4) qui remontent à leur ancêtre commun qui avait perdu des pages. Le Sessorianus, perdu jusqu'à XVIII, 7, 11, présente pour sa partie conservée un texte étroitement parent de celui des trois autres. Le Marcianus 350 28, qui a peut-être appartenu à Boccace appartient à la même tradition et n'a pas d'intérêt pour l'établissement du texte ; il se termine dans les derniers paragraphes du livre XXXVIII (10,8).

  • L'Eusebianus 177 (E) a été probalement écrit à Verceil et corrigé ensuite par plusieurs mains, toutes sans valeur. Il n'a pas d'incipit ancien et commence à la préface précédée de l'indication : Pompei Trogi praefatio. E porte des corrections de plusieurs mains, dont une du XVe s. qui a utilisé un manuscrit d'une autre tradition.

    À la suite du texte de Justin se trouve un traité d'astrologie attribué à Apulée

  • Le Laurentianus 66, 20 (F) est identifiable au Mediceus I des anciens éditeurs ; de provenance inconnue, il a été corrigé par plusieurs mains, toutes sans valeur. Le début est illisible. À la fin de la préface, on lit : explicit prologus / pompeii trogi . liber I incipit. Les livres sont séparés par la mention : Trogi liber expl.... inc....

  • Le Sessorianus 17 (S), conservé à la Bibl. Nat. à Rome, a appartenu à la bibliothèque universitaire de Hesse, puis à la bibliothèque Victor-Emmanuel ; d'après Rühl, citant Gronovius, il était encore complet au XVIIIe s. Dans son état présent, il commence à VIII,7,12 superbe spreuisti et présente une grande lacune aux livres XLI-XLII (XLI,3,4-XLII,4,12, due à la perte d'un feuillet. À la fin de l'Abrégé il porte la mention : Pompei Trogi lib. XLIIII expl.

    À la suite du texte de Justin, se trouvent Solin et les vingt-huit premiers chapitres de la Règle de s. Benoît.

  • Le Vossianus L.Q.101 (L), qui compte 136 ff., est d'origine inconnue : sans doute a-t-il été écrit en Italie par plusieurs copistes qui ont travaillé successivement 29; il est identifiable au Leidensis V de Gronovius. On y relève des corrections d'un réviseur qui utilisait le même modèle que le copiste, et d'une troisième main sans valeur. L a été en possession de Landolfo Colonna qui l'a annoté au début du XIVe s.

 

Classe III = g (C D)

      La troisième classe des manuscrits de l'Abrégé n'est représentée que par deux éléments, le Laurentianus 66, 21 30 du XIe s. et le Vaticanus latinus 1860 31 du début du XIVe s.

  • Le Laurentianus 66, 21 olim Casinas (C) contient les livres XVI-XXVI jusqu'à XXVI,1,8 princeps eorum, et XXX, à partir de 2,8 facta inter jusqu'à XLIV,4,3 requirendum. Écrit en écriture bénéventine au Mt Cassin, il se compose de treize cahiers, douze quaternions et un binion dont la dernière page est perdue. Bien que commençant au livre XVI, le manuscrit commence par les mots : M. Iuniani. Iustini epithoma historiarum lib. XIV exp. Incipit XV. Au f. 1r, en bas, on lit iste liber est ecc casinen ; au milieu de la dernière page : Liber Cosme Johannis de Medicis.

  • Le Vaticanus latinus 1860 (D), copié en 1313, est un beau manuscrit écrit sur deux colonnes de soixante-quinze lignes, d'une petite écriture soignée, avec des initiales ornées. Formé de 194 ff., il rassemble de nombreuses œuvres : f. 1r Florus, f. 16r Suétone, f. 64r Végèce, f. 80r Eutrope/Paul Diacre, f. 89r Festus, f. 91r liber Tarantellorum, f. 102r Salluste, f. 118r les Septimini dictys; f. 134r Solin. Du f. 152r au f. 182v on a l'Abrégé de Justin, sans les Prologues, avec l'inscription : Iuniani Iustini epithoma historiarum liber primus... Le manuscrit se termine par le texte de Frontin.

    Que D dérive de C, cela avait déjà été bien vu par Rühl, mais l'éditeur croyait que pour les parties qui manquent dans C, le copiste avait utilisé une compilation de manuscrits d'autres classes, donc que D n'avait pas d'intérêt pour l'établissement du texte. Seel, après avoir collationné le manuscrit, sauf une petite partie, a jugé que le copiste de D avait utilisé un manuscrit de la même tradition que C , et peut-être même le modèle de C. Je pense qu'on peut aller plus loin et, étant donné que le copiste de D et le second correcteur de C (C3) sont la même personne, dire que D a été peut-être en partie copié sur C, qui était alors entier sauf les deux lacunes communes aux deux manuscrits (XXIV, 3,5-4,4 et XLIII, 4,3-7), la première résultant de la perte d'un feuillet de C ou de son modèle, et la seconde étant un saut du même au même (cum [... cum] ut). Le modèle de D, qu'il s'agisse de C ou du modèle de C, était par places délabré ou illisible, en particulier au début et à la fin, si bien que le copiste de D a eu recours pour combler les lacunes de son modèle principal à un manuscrit de la classe II, ce qui explique les deux fautes communes remarquables de i et D dans la préface 32 et au livre I 33, ainsi que quelques leçons fautives qu'on lira dans l'apparat critique.

      Seuls à nommer l'auteur de l'Abrégé, C et D présentent un grand nombre de variantes textuelles avec le texte transmis par les manuscrits des classes I et II ; si certaines sont des fautes manifestes, d'autres sont des leçons parfaitement recevables : corrections faites par un «éditeur» savant du IXe s., amplification d'expressions de l'auteur de l'Abrégé, mais aussi bonnes leçons probables dans certains cas, malgré l'accord des classes I et II sur un texte différent qu'il est parfois délicat d'attribuer à une faute transversale. La comparaison du texte des Histoires d'Orose, dont Justin est la source quasi-unique pour l'histoire orientale, grecque et carthaginoise, avec celui des manuscrits anciens de Justin permet d'établir que l'exemplaire qu'il a utilisé était de la tradition de l'archétype g 34, représenté pour nous par le Laurentianus 66, 21 (C) et le Vaticanus latinus 1860 (D), ce qui atteste l'ancienneté de cette tradition dont toutes les divergences d'avec les manuscrits issus des archétypes a et b ne peuvent être imputées à des corrections abusives ou à des fautes.

 

Lacunes des mss.

  Classe I Classe II Classe III
  t p i g
  A G M V Q Y O P Z X E F S L C D
Prol     def. 35     def. def.       def. def. def. def. def. def.
Préf     def.     def.             def.   def.  
1     => 4,11                   def.   def.  
2   4,16 => 6,14         5,13 =>       13,8 => 15,3 13,8 => 15,3 def. 13,8 => 15,3 def.  
3     def.     def. def.           def.   def.  
4     def.     def. def.           def.   def.  
5     def.     def. def.           def.   def.  
6     def.     def. def.           def.   def.  
7     def.     def. def.           def.   def.  
8     def.     def. def.       3,11 => 4,12 3,11 => 4,12 def. 3,11 => 4,12 def.  
9 7, 3-9 7, 3-9 def. 7,3-9 7,3-9 def. def.           def.   def.  
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44           def.           def.     4,3 =>  
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Les éditions

      Des très nombreuses éditions imprimées de l'Abrégé, on ne trouvera répertoriées ici que les principales.
 
Les incunables

Éd. princeps par Nicolas Jenson 36, Venise 1470, in-4, où on peut lire à la fin les vers suivants :
      Historias veteres, peregrinaque gesta revolvo
      Justinus. Lege me ! sum Trogus ipse brevis
      Me Gallus Veneta Jenson Nicolaus in urbe
      Formavit, Mauro Principe Christophoro

Éd. Uldarichus Gallus (Ulrich Hahn), Rome, sans date (après 1468)
Éd. Conrad Schweinheim et Arn. Pannarz, Rome 1472
Éd. Ant. Zarothus, reproduction de l'éd. de Jenson, Milan 1474
Éd. Christoph. Waldaferus Ratisbonensis, expressa e libro scripto bonae notae ita religiose, ut loca aperte depravata non corrigeret, scribendique rationem vitiosam servaret, Milan, 1476
Éd. de Venise, 1478, 1479, 1484, 1497, 1494, 1502
 
Éditions des XVIe-XVIIIe

Éd. de Milan, 1502, 1510 (avec Cornelius Nepos)
Éd. par deux éditeurs, sans date, f.1r on lit : Justini historici Clarissimi in / Trogi Pompeii Historias Exordium, puis la préface avec un titulus :
Éd. Pierre Danès 37, chez Jean Petit à Paris, 1519
Éd. Juntina 38 Florence, 1525, avec Cornelius Nepos et Velleius Paterculus 39
Éd. Iac. Bongarsius 40, Paris 1581 41
Éd. des Elzevir 42 d'Amsterdam, 1659, 1669 43
Éd. G. Graevius 44, Leyde, 1701
Éd. Th. Hearne, Oxford, 1705
Éd. Longuerue, Paris 1709
Éd. Abr. Gronovius, Leyde, 1719 45
Éd. Abr. Gronov. Leyde 1760 46
Éd. N. Lemaire, Paris, 1823 47
Éd. C. Benecke, Lipsiae, 1830
Éd. Fr. Dübner, Lipsiae, 1831 48
Éd. W. Fittbogen, Hallen, 1835 49
Éd. Johanneau & F. Dübner, Paris, 1838
Éd. Thomas Vallaurius, Turin, 1852 50
Éd. Fr. Arnulf, Venise, 1856, avec traduction.
Éd. I. Ieep, Lipseae, 1859 51
Éd. Pessonneaux, Paris, 1903 52

      En dehors des éditions anciennes dont j'ai étudié les choix de leçons et lu les notes avec intérêt, particulièrement celle des Elzévirs de 1669 et celle de Lemaire de 1823, j'ai utilisé les éditions critiques anciennes qui constituent la base des travaux sur Justin :

  • Ruehl, F., Lipsiae, 1885
  • Galdi, M., Turin, 1923
  • Seel, O., ed., M. Iuniani Iustini Epitoma Historiarum Philippicarum Pompei Trogi. Post F. Ruehl. Lipsiae 1935. (Bibliotheca Teubneriana.).
  • Seel, O., ed., M. Iuniani Iustini epitoma Historiarum Philippicarum Pompei Trogi. Accedunt Prologi in Pompeium Trogum, Stuttgart 1971, réed. 1985. (Bibliotheca Teubneriana).
  • Seel, O., ed., Pompei Trogi Fragmenta. Lipsiae 1956. (Bibliotheca Teubneriana). Rec.: M. Rambaud, Gnomon 29, 1957, 505-511.

      J'ai également pris connaissance de quatre traductions en langues modernes faites au XXe siècle :
  • Chambry, E., & Thély-Chambry, L., Justin. Abrégé des Histoires Philippiques de Trogue Pompée et Prologues de Trogue Pompée, 2 vol., Class. Garnier, Paris 1936.
  • Seel, O., ed., M. Iunianus Iustinus, Auszug aus der Weltgeschichte des Pompeius Trogus (Übersetzung, Erläuterungen u.Nachwort). Zürich & Stuttgart 1972. (Bibliothek der Alten Welt).
  • Santi Amantini, L., Milan 1981.
  • Yardley, J.C., Justin. Epitome of the Philippic History of Pompeius Trogus, with Introduction and Explanatory notes by R. Develin, American Philological Association Classical Resources, Atlanta 1994.

 

Principes suivis pour cette édition

      Cette édition repose, en l'état, sur les collations opérées par les éditeurs des éditions critiques précédentes qui semblent avoir été effectuées avec beaucoup de soin ; cependant, leur classement des manuscrits par famille ne s'accompagne pas d'un stemma et leur choix d'éditer telle ou telle leçon repose parfois sur des présupposés ; ainsi Ruehl corrige abondamment, par souci d'expression latine, et adopte beaucoup de leçons de Bongars, sans pouvoir les justifier car il ignorait D ; d'autre part, malgré le grand nombre de fautes propres de t, Seel qui a utilisé les plombs de Ruehl 53 privilégie les leçons de cette famille, même en face d'un accord pi CD, reprenant ainsi souvent les choix opérés par l'Italien Galdi.

      Étant donné la division de la tradition manuscrite en trois classes 54, dérivant respectivement des archétypes a b g, j'ai privilégié l'accord majoritaire de deux classes contre une, sauf dans le cas de faute transversale explicable paléographiquement, et dans quelques cas dont je m'explique dans l'apparat ou dans les notes à la traduction. Les seuls problèmes véritables ressortissent aux cas où on a un accord tpi contre CD, à cause de l'ancienneté de la tradition représentée pour nous par les manuscrits C et D, ancienneté qui est attestée par la parenté du texte d'Orose avec celui de cette famille, en face de la tendance du modèle de C à corriger le texte.

      J'ai signalé dans l'apparat critique le désaccord entre les éditeurs et aussi leur accord dans le cas où il y avait un doute sur la bonne leçon ; je ne donne pas les corrections de Ruehl en cas de consensus entre W et les autres éditeurs, sauf quand elles semblent présenter un intérêt propre.

 

Conspectus Siglorum

CLASSIS I
      A = Parisinus 4950 olim Puteanus Saec. IX.
      G = Gissensis 79 olim Weingartensis. Saec. IX.
      M = Monacensis 601. Saec. X.
      V = Vossianus L.Q. 32 olim Floriacensis. Saec. IX.
      Q = Ashburnhamensis L 29 olim Montepessulanus. Saec. IX.
            t = consensus codices AGMVQ ubi exstant.

      Y = Petropolitanus 422. Saec. IX.
      O = Palatino-Vaticanus 927. anno 1181.
      P = Brit. Mus. Add. 19 906. anno 1290.
      Z = Harleianus 4822. Saec. XIV.
      X = Laurentianus 66,19. Saec. XIV.
            p = consensus codices YOPZX ubi exstant.

CLASSIS II
      E = Eusebianus CLXXVII. Saec. X.
      F = Laurentianus 66, 20. Saec. XI.
      S = Sessorianus 17. Saec. XI.
      L = Vossianus L.Q.101. Saec. XI.
            i = consensus codices EFSL ubi exstant.

CLASSE III
      C = Laurentianus 66, 21 olim Casinas. Saec. XI.
      D = Vaticanus latinus 1860. anno 1313.

W = consensus codicum omnium.

EDITIONES
      Rue.     =     Ruehl, Lipse, 1885.
      Gal.     =     Galdi, Turin, 1923.
      See.     =     Seel, Stuttgart, 1972.
      edd.     =     lectio uulgata (i.e. Rue. Gal. See. consentientes).

 

Stemma



a    = ms. où les prologues furent ajoutés
a'   = ancêtre de la famille p
a''  = ancêtre de la famille t : ms d'York, modèle de a'''
a''' = Weinheim, ms. Fischer, copié
          en Northumbrie au VIIIe s. (CLA IX, 1370)
OR = ms. utilisé en Afrique par Orose, c.415.
(En gras : les sigles des mss complets ou sans lacunes importantes ;
cf. le tableau)

___________

 
1,1 On se reportera à l'essai de reconstitution dû à O. Seel, Pompei Trogi Fragmenta, p. 3-18.

1,2 In postremo libro Trogus : maiores suos a Vocontiis originem ducere ; proauum suum Trogum Pompeium Sertoriano bello ciuitatem a Cn. Pompeio percepisse, patruum Mithridatico bello turmas equitum sub eodem Pompeio duxisse ; patrem quoque sub C. Caesare militasse epistularumque ac legationum, simul et anuli curam habuisse.
 
1,3 Voir dans Justin la légende de fondation (37,1,1) et le récit de quelques épisodes de l'histoire de la cité et de ses luttes contre ses voisins barbares (43,3-5).
 
1,4 M. Fonteius, préteur urbain en 77 a.C., légat propréteur de Gaule en 76-74, assurait les arrières (communications) de Pompée ; il fut accusé de concussion en 69 a.C. devant le tribunal de repetundis par un certain M. Pletorius, sur une plainte des provinciaux, présentée à Rome par Indutiomar, chef des Allobroges ; Cicéron, défenseur de l'accusé, justifia ses agissements par la raison d'état et la sauvagerie des Gaulois.
 
1,5 Justin, 42,4,6 et Prol. 40 ; cf. aussi Velleius Paterculus, Florus...
 
1,6 Cf. infra, p. 000.
 
1,7 Cf. infra, les éditions principales anciennes, p.000.
 
1,8 En voici quelques exemples :

 
Prologues
Trogue-Pompée
Texte Justin
1
arbacem (acc) arbactus
cf. arbakhV (Strab. 16,737)
6
dercylide (abl) hercylides
8
chalcidiam cappadociam
9
mathea (abl) atheas (AqeaV)
13
origines...quirenarum cyrene...condita
14
mort de Polyperchon mort de Cratère
15
bataille de Galama bataille de Gaza
18
velia elissa
22
opellam (acc) afellas (nom)

 
1,9 Prol. 20 = Justin 21,4,1-8.
 
1,10 Faber (Le Fèvre), éd. 1668, 1671, a avancé l'opinion que l'auteur des Prologues était un Grec : par exemple, la tournure in excessu, utilisée au lieu de per discessionem, pourrait être un décalque du grec en parekbasei.
 
1,11 On peut prendre l'exemple des Histoires d'Orose, dont la tradition manuscrite est particulièrement ancienne et riche : l'usage des capitula apparaît dès le plus ancien témoin, le Laurentianus pl. 65,1, et se retrouve dans toutes les classes, avec des rédactions indépendantes (cf. mon étude : L'Orose de Wroclaw (Rehdigeranus 107) : sa composition et sa place dans la tradition manuscrite des Histoires d’Orose, Acta Universitatis Wratislaviensis, Bibliothecalia Wratislaviensia IV, Wroclaw, 1996).
 
1,12 Le nom étant cité au génitif «Iuniani Iustini epithoma historiarum liber primus», le nominatif peut être Iunianus ou Iunianius.
 
1,13 PIR2 IV 3, nO 714-717.
 
1,14 PIR2 IV 3, nO 870-871.
 
1,15 PIR2 IV 3, nO 369 et nO 370.
 
1,16 Cf. R. B. Steele, AJPh 38, 1917, p.24.
 
1,17 Édition de Paris, 1581.
 
1,18 J. G. Vossius, De Historicis latinis, 1, 21, Amsterdam, 1623.
 
1,19 De Vitis philosophorum, 1472, édité par Arnoldus Terffornen ; l'ouvrage est cité par Vossius, De Historicis latinis, 1, 21. et par Fabricius Bibliotheca latina, 3,3, Hambourg, 1697
 
1,20 Un passage très général à la gloire de la Grèce (8,4,7) Graeciam etiamnunc... principem... a fait dire à certains que Justin vivait après le transfert de la capitale à Constantinople, tandis que la remarque à propos du partage de l'orbis entre les Romains et les Parthes (41,1,1), comprise à tort comme une remarque de l'abréviateur, a pu faire penser que «Justin» vivait avant l'avènement des empereurs Sassanides, mais de toute façon, la confusion Parthes / Perses et continuelle chez les auteurs (cf. Orose) et conçue comme une variante stylistique.
 
1,21 Hist. 22,15,2 (Justin, 2,1) ; 23,6,5 (Justin, 4,5,8) et 26,9,3 (Justin, 7,2,8) ; ces livres ont été composés peu avant la mort de Théodose, à Rome où Ammien s'était installé après sa retraite de l'armée, consécutive à l’avènement de Valentinien Ier et de Valens.
 
1,22 Vita Aur. 2,1 ; Vita Prob. 2.
 
1,23 Préf. et 5.
 
1,24 Sur Orose, ses voyages et la rédaction des Histoires, voir l'introduction de mon édition (CUF 1990).
 
1,25 Citation de Justin 1,1,1-8 (C.D., 4,6).
 
1,26 Courtois, Les Vandales... p. XXX
 
1,27 Die Praefatio des Pompeius Trogus, Erlanger Forschungen 3, 1955. Voir aussi mes essais de reconstitution à l'annexe 2.
 
1,28 La date proposée par sir Ronald Syme : vers 395, paraît toutefois trop tardive («The date of Justin and the discovery of Trogus», Historia 37 (1988), p. 358, & «Trogus in the H.A., some consequences», Institutions, Société et vie politique dans l'empire romain au IVe siècle ap. J.-C., éd. M. Christol, S. Demougin et alii, Rome 1992, p.14).
 
1,29 C'est la date proposée récemment par J. C. Yardley («The Literary Background to Justin/Trogus», The Ancient History Bulletin 8.2 (1994, p.61) auteur d'une traduction de l'Abrégé en anglais américain, qui défend également l'idée que l'œuvre de Justin est une création originale. Au début du XXe s., R.B. Steele avait proposé 144 ou 145 («Pompeius Trogus and Justinus», Am. Journal of Philology 38, 1917, p.19).
 
1,30 Constance II (337-361), fils puîné de Constantin le Grand.
 
1,31 Le sénateur d'origine africaine, Sex. Aurelius Victor, composa en 360 une suite de biographies impériales, depuis celle du fondateur de l'Empire, Auguste, jusqu'à celle de l'empereur régnant Constance II.
 
1,32 Eutrope, magister memoriae de l'empereur Valens (364-378), écrivit à sa demande en 369/370 un résumé d'histoire romaine en dix livres. Sur Eutrope et son œuvre, voir l'introduction de J. Hellegouarc'h dans son édition du Bréviaire (CUF 1999).
 
1,33 Festus, un lettré d'identification incertaine de la cour de Valens, rédigea pour l'empereur en 370 une courte synthèse, axée sur l'expansion romaine et les problèmes du limes oriental. Sur Festus et son œuvre, voir l'introduction de mon édition de l'Abrégé (CUF 1994).
 
1,34 Les colonnes en bleu : longueur en lignes de chaque livre de l'Abrégé dans l'éd. Teubner (Seel, 1985) ; les colonnes en brun : longueur en lignes de chaque prologue dans la même édition.
 
1,35 Paris, 1823, p. XXII-XXVII.
 
1,36 Hénault, Mémoires sur les abrégés chronologiques, Acad. des Inscr. XXVIII, p. 612, cité par Sainte-Croix, Examen critique des anciens historiens d'Alexandre le Grand, 1775 et 1804.
 
1,37 C'était l'opinion de sir Ronald Syme, qui s'exprimait ainsi peu avant sa mort : «For the historian Pompeius Trogus, the sole direct source of information is the selective version made by M. Junianius Justinus. To call it an epitome is a misnomer. In fact, an anthology of instructive passages, as Justin explained in the Preface : «breue uelut florum corpusculum feci.» («Trogus in the H.A., some consequences», Institutions, Société et vie politique dans l'empire romain au IVe siècle ap. J.-C., éd. M. Christol, S. Demougin et alii, Rome 1992, p. 12).
 
1,38 À propos de cette réécriture d'Orose à partir du texte de Justin, qui me semble caractéristique du travail d'un épitomateur, voir quelques exemples en annexe.
 
1,39 Voir le tableau de l'annexe Ia.
 
1,40 Ad Aen. 3,108 : De parentibus Teucri dupliciter traditur : alii enim ... inter quos et Trogus, Scamandri filium tradunt. Ad Aen. 4,37 : Plinius Secundus Hist. Nat. et Pompeius Trogus Afros dicunt pompam triumphi primos inuenisse quam sibi Romani postea uindicauerunt..
 
1,41 Priscien, 5 : Papirius, propter mortem flamineae, flaminio abiit. Priscien, 6 : Inde Scepsin petit, quo se Medias, interfecta sorore, contulerat. Is, ab Dercyllida petito colloquio.
 
1,42 Et puisque, dans le même véhicule, nous parlions de Trebellius Pollion qui a conservé le souvenir des empereurs, tant illustres qu'obscurs, depuis les deux Philippes jusqu'au divin Claude et à son frère Quintilien, sur l'affirmation de Tiberianus selon laquelle Pollion avait raconté beaucoup de choses en les abrégeant et sans soin, et ma remarque en retour qu'aucun des écrivains, pour autant que cela touche à l'histoire, n'a été exempt de mensonges, en citant des passages où Tite-Live, Salluste, Cornelius Tacite et en dernier lieu Trogue Pompée sont confondus par des preuves évidentes, Tiberianus, se rangeant à mon opinion et tendant la main, dit en outre en plaisantant : «écrit, comme il te plaît : tu pourras dire en toute sécurité ce que tu veux, tu auras comme compagnon de tes mensonges ceux que nous admirons comme les maîtres du discours historique ! (Vie d'Aurélien, 2,1-2).
 
1,43 Vie de Probus, 2,7.
 
1,44 Bibl. lat. III,3, passim.
 
1,45 Justin, 42,5,12.
 
1,46 Justin, 41,5,8 : ... ipse Arsaces dictus. Nam sicut supra dictum est, omnes reges suos hoc nomine, sicuti Romani Caesares Augustosque cognominauere.
 
1,47 Seel Weltg. p.17 sq. ; Eine röm. W., p. 180.
 
1,48 Révélée par des images dans le rêve de Nabuchodonosor (la statue) et dans la vision de Daniel (les quatre bêtes), la succession des empires qui opprimèrent les Juifs jusqu'à la révolte des Macchabées s'établit ainsi : les Babyloniens (= les Assyriens), les Mèdes, les Perses, et en dernier les Macédoniens.
 
1,49 Voir mon édition de l'Aide-mémoire dans la CUF.
 
1,50 Par exemple, dans le livre II (Euterpe), la description et l'histoire de l'Égypte sont amenées par la décision de Cambyse d'entreprendre une expédition en Égypte ; dans le livre IV (Melpomène), c'est à propos de l'expédition de Darius contre les Scythes qu'Hérodote développe les mœurs des Scythes, tandis que la campagne du Roi en Cyrénaïque est l'occasion d'une description du pays, les cités grecques, les coutumes et les mœurs des indigènes.
 
1,51 Justin, 38,3,11.
 
1,52 Voir à l'annexe 3 le tableau des Discours dans l'Abrégé.
 
1,53 Justin, 14,4,2-14.
 
1,54 Trogus und Timagenes... p. 548 sq.
 
1,55 Timagenes und Trogus..., p.465 sq.
 
1,56 Livio, Plutarco e Giustino..., p. 45 sq.
 
1,57 On en trouvera le détail dans le tableau de l'annexe Ia en regard de l'analyse du texte de l'Abrégé de Justin, mis en concordance avec la traduction française des Prologues.
 
1,58 A. H. L. Heeren, Commentationes..., p. 209 sq. ; A. Bibeljé, Welche... (pour quelques passages du livre II : 10 et 12)
 
1,59 G. Busolt, Gr. Gesc. II, 2, p. 558 sq.; 625 sq.

1,60 L. Holzapfel, Untersuchungen..., p. 47-50.

 

2,1 Cf. infra, la liste des éditions de Justin, avec les notes correspondantes.
 
2,2 I. Ieep, Lipse, 1859, F. Rühl, Lipse 1886, M. Galdi, Turin 1923, O. Seel, Lipse 1935 puis Stuttgart 1971 et 1985.
 
2,3 Pour ne pas alourdir exagérément cette introduction, je ne donnerai que quelques brèves indications sur les manuscrits utilisés depuis le XIXe s. pour établir le texte de Justin. Pour plus de détails, on peut se référer à la publication de F. Rühl, Die Textesquellen des Iustinus, Leipzig 1872 (Jahrbücher für classische Philologie. Suppl.-Bd. 6, H. 1.), et aux introductions des éditions critiques de M. Galdi (Turin 1923) et de O. Seel (Teubner 1934 et 1971), auxquelles je donne les références.
 
2,4 Weinheim, E. Fischer Sammlung S.N. ; CLA, IX, 1370. Le feuillet a été perdu après sa publication par S. Brandt, Über ein Fragment einer Handschrift des Iustinus ... Voir aussi L. D. Reynolds, éd., Text and Transmission..., p.197-198 ; L. D. Reynolds & N. G. Wilson, D'Homère à Érasme..., p. 63 et p.185.
 
2,5 Cf. Ruehl Textesq. p. 11, éd. p. VII ; Seel p.IV.
 
2,6 Éd. de Paris, 1581. Bongarsius (Jacques Bongars, 1546-1612) a utilisé trois des éditions précédentes et dix mss, donné un apparat critique et des conjectures qui sont encore très éclairantes.
 
2,7 Cf. Ruehl Textesq. p. 12, éd. p. VIII ; Seel p.V.
 
2,8 Pour son édition (Leyde 1719, rééd. 1760, augmentée de notes et d'une préface), Gronovius (Abraham Gronouw, 1694-1775) avait collationné cinq mss de Leyde et utilisé les collations de trois autres mss collationnés par son père Iacobus. Gronovius dans la bibliothèque des Médicis ; les notes sont toujours intéressantes.
 
2,9 Cf. Ruehl, Textesq. p. 88, éd. p. VIII ; Seel p.V. Le ms. est actuellement conservé à Paris sous la cote n.a. l. 1601.
 
2,10 L. D. Reynolds, éd., Text and Transmission..., p. 198 et n.9.
 
2,11 Cf. RUEHL, Textesq. p. 17, et Neue Jahrbücher für class. Phil. 1872, p. 85 ; éd. p. VII-VIII ; SEEL p.IV.
 
2,12 Cf. RUEHL, Textesq. p. 12, éd. p. VII, qui n'avait pas vu cette parenté, à cause, selon SEEL (p. IV-V), de la datation erronée qu'il avait attribuée à G (XIIe s.).
 
2,13 Cf. RUEHL, Textesq. p. 20 ; SEEL p. V.
 
2,14 Cf. RUEHL, Textesq. p. 13, éd. p. VIII; SEEL p.V
 
2,15 Cf. RUEHL, Textesq. p. 16, éd. p. IX; SEEL p.V
 
2,16 Cf. RUEHL, éd. p. IX ; SEEL p.V.
 
2,17 Cf. RUEHL, éd. p. X ; SEEL p.VI.
 
2,18 Cf. RUEHL, éd. p. X ; SEEL p.VI.
 
2,19 Cf. RUEHL, éd. p. XI ; SEEL p.VI.
 
2,20 Cf. RUEHL, Textesq. p. 73, éd. p. XI ; SEEL p.VI.
 
2,21 G a été spécialement étudié par M. Galdi, De codice Iustini (IV C. 43)... ; et cf. ce qu'il dit en abrégé dans son édition de Milan, p. XV-XVI.
 
2,22 L. D. Reynolds et N. G. Wilson, D'Homère à Érasme..., p. 85 et 192.
 
2,23 Turin 1752, p. 42.
 
2,24 Cf. RUEHL, Textesq. p. 7, éd. p.V-VI ; SEEL p.VII.
 
2,25 Cf. RUEHL, Textesq. p. 9, éd. p. VI ; SEEL p.VII
 
2,26 Cf. RUEHL, Textesq. p. 9, éd. p. VI ; SEEL p.VII.
 
2,27 Cf. RUEHL, Textesq. p. 11, éd. p. VI ; SEEL p.VII.
 
2,28 Le manuscrit décrit par RUEHL, Sur un ms. négligé de Iustinus, dans Mélanges Châtelain, 1910, Paris, n'a pas été utilisé par les précédents éditeurs.
 
2,29 Par exemple, le f. 100v est vierge, le f. 101r est d'une autre main que le f. 100r.
 
2,30 Ruehl Textesq. p. 5, éd. p.V; Galdi p. XIV; Seel p.VII-VIII
 
2,31 Ruehl Textesq. p. 5; Seel p.VIII
 
2,32 La leçon periculosa audacia, rejetée par tous les éditeurs qui considèrent herculea audacia des mss de la classe I comme la bonne leçon.
 
2,33 I,1,10 nino.
 
2,34 Cf. H. Hagendhal, Orosius und Iustinus... Notons cependant que O. Seel, dans son éd.2 p. XV-XVI, et dans Eine römische Weltgeschichte..., p. 11-12, estime que le texte de CD a été interpolé et contaminé par le texte des Histoires d'Orose : cette opinion ne me paraît pas soutenable.
 
2,35 La mention def. indique que tout le livre manque.
 
2,36 Né en 1420, Jenson fut envoyé en mission à Mayence par Louis XI pour faire un rapport sur l'imprimerie. Il ne revint pas, s'établit à Venise c.1469, où il inventa les caractères romains.
 
2,37 Danès (1497-1579), helléniste, fut le premier professeur de grec au collège de France. L'édition comprend Justin, Florus, Ruffus (Festus)
 
2,38 Les Junte «Giunta», imprimeurs venus de Lyon, établis à Florence et à Venise vers le milieu du XVe s. Bernard, fils de Philippe (impr.1497-1517 à Florence), imprime jusqu'en 1531 avec la marque apud Iuntas, puis à son nom seul jusqu'en 1551, date de sa mort. Après lui, son fils Philippe le Jeune † 1604 dirigea la maison.
 
2,39 Une remarquable édition, selon Jean-Georges Grœefe (Graevius), qui la cite ainsi : MS. Marquardi Gudii et Juntarum editio praestantissima quam Bongarsius et alli editores non uiderunt.
 
2,40 Jacques Bongars (1546-1612), conseiller d'Henri IV
 
2,41 Bongarsius a utilisé trois éditions et dix mss, donné un apparat critique et des conjectures remarquables (cf. Galdi p.XI)

 
2,42 Louis III, fils de Jodocus, fonde la maison d'Amsterdam en 1638 (†1670), associé en 1664 avec Daniel, fils de Bonaventure (†1680)
 
2,43 Édition de 1659, avec en note les commentaires de Berneggerius, Bongarsius, Vosius, Thysius... , reproduite en 1669, avec en plus, au début de l'ouvrage, vingt pages de commentaires repris de Graevius.
 
2,44 Jean-George Grœfe (1632-1703), élève de Gronovius, professeur d'histoire à Utrecht
 
2,45 Gronovius a collationné cinq mss de Leyde et utilisé les collations de trois autres mss faites. par son père Iac. Gronovius à la bibliothèque des Medicis ; les notes sont dignes d'éloge selon Galdi.
 
2,46 Réédition augmentée de notes et d'une préface.
 
2,47 Justini Historiarum Philippicarum e Trogo Pompeio libri XLIV. Textum Wetzelianum, tabulas chronologicas, argumenta, prologos, notas, indices rerum et uerborum, nouis additamentis illustrauit... N. Lemaire. P., [impr. Crapelet], 1823 (Bibl. class. latina)
 
2,48 Avec notes critiques et historiques.
 
2,49 Avec notes surtout grammaticales.
 
2,50 Bonne édition, mais ignorée (Galdi p. XII).
 
2,51 Précédée d'un commentaire critique, p. 1-188.
 
2,52 L'édition est nulle à tous points de vue, et en plus censure les passages pouvant offenser les mœurs de l'époque (cf. Galdi p. XII).
 
2,53 L'aspect de la typographie le manifeste au premier coup d'œil ; impression corroborée par la présence de coquilles non corrigées (par exemple, tripupudiante en 11,5,10).
 
2,54 Voir le stemma.