BIBLIOTHECA AUGUSTANA

 

Christine de Pizan

vers 1364 - vers 1431

 

L'Avision de Christine

 

La première partie

 

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XXI

Encore dit vitupere

des vices en general

 

Mais de celle aux ordes ongles/ et qui tant courbes les a ou quel faux gouvernement tu vois les mouschetes de mes ruches qui pervertist le miel de leur cire* en sauvage amertume/ que ten diray ia nas tu sentu lexperience de son office deust se dieux taist tel monstre estre trouve en ma maison pour mes enfans mempoisonner et pervertir et si villainement soubtraire et par fausse admonicion de ses flateries les rendre deshonnourez par sa fame villaine qui rent ses acointes en ciel et en terre diffamez. est il riens plus blasme que lestre ou elle habite tant soit le lieu sacre dautre vertu. helas ne deust pas estre cy assise Car qui quelle acompagne ne lui affiert mie sembatre en mes proprietez. ha beste orrible et venimeuse comment as tu fait si mortel sault comme du puis denfer ou est ta naturel demeure jusques es courages de mes enfans en qui habiter ne soloies/ ou sont alez mes ancienes vertueuses portieres pitie et charite quant empeschee nont ta hardiece. Or me pasme le cuer de yre veant ta cruaulte qui ne donne lieu a nulle vertu mais sanz misericorde errache les fruis ains quilz soient meurs. de leurs tyge. Ce fait ta felonnie assise es combles de ma maison. Et sicomme dit le proverbe maignee duitte selon seigneur. les menistres diniquite suivent la trace de leurs chiefs par tes fallaces/ Et de toy perverse qui tiens les clefs maigre mien et a force de mes escrips les oeuvres et serrez a ton vouloir/ a leur grant vitupere et preiudice font leur parement. o moleste du monde tu sanssue infernale qui te pourra assez vituperer. nes tu pas doncques celle qui livres matiere aux tourmens denfer et qui de crier ne cesses affer. affer fornaise insaciable/ et inextinguible qui te pourra assouvir Na ia ton ardent desir espris mes plus chieres choses/ et ia te voy si effrontee et manifestement publique *que nulle vergongne ne te tapist ne ceulx ne se hontoient tant sont endurcis que tu compaiggnes

ha bien prophetisa le temps que ie voy et le lieu ou tu es en ses proverbes salemon ou XXXe chapitre ou il dist ainsi. Generacio que pro dentibus gladios habet ut commedat inopes de terra et pauperes ex hominibus etc. ha la generacion perverse qui en lieu de dens usent de glaives non mie pour mordre mais pour tout trenchier. ce veons nous manifestement de la desloiale a qui ne souffist mie mordre se tout ne trenche.