BIBLIOTHECA AUGUSTANA

 

Christine de Pizan

vers 1364 - vers 1431

 

L'Avision de Christine

 

La seconde partie

 

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XI

Encore de ce

 

Comme ces choses soient obscures a sentir aux gens lais et rudes a dire en language vulgar et meismes a ton entendement. pour la groisseur de lui estranges passeray oultre des opinions des anciens philosophes lesquelz en assez de manieres fis errer sus les principes* des choses

Mais de ces choses fus ie clere a mon tres ame filz aristote le prince de philosophie lequel reprima yceulz ancians par vives raisons sicomme cy en brief te toucheray sanz du tout diffinir. Car longue en seroit la narracion non delictable a ceulx qui ne la sentent. Aristote doncques reprime les opinions dyceulx ancians philosophes es principes des choses/ Et pour ce faire il se devise en .ii. parties. Premierement il impreuve les singuliers opinions/ et desrenierement il recueult les choses qui sont dittes/ et les continue a celles qui sensuivent

la premiere partie se devise en .ii. autres/ premierement il impreuve les opinions de ceulz qui naturelment ont parle deusesmement des pitagoriens et des autres/ Encore en la premiere part il fait .ii. choses

Premierement il impreuve les opinions de ceulz qui mistrent une cause materiele/. et .ii ement de ceulz qui en mistrent pluseurs/ Encore au premier il fait .ii. choses/ premierement il impreuve les opinions ia dittes en general et .iiement en especial/ il les impreuve en general par .iii. raisons dont la premiere est telle car comme les choses non seulement aucunes soient corps mais aussi quaucunes soient non corps comme il est apparu en son livre de lame que yceulx anciens naient mis fors seulement principes corporelx/ la quelle chose appert Car ilz mettoient un/ cest assavoir le monde estre une seule substance et une seule nature/ Sicomme la matere laquelle corporee ilz mettoient recevant mesure cest a dire division Et toutefois corps ne puisse estre cause de chose incorporee il appert quen ce ilz ont failli et quinsouffisemment il ont assignes les principes des choses/ et non pas seulement en ce ilz ont failli mais en autres choses pluseurs com*me plus a plain apres il declaire

la .ii e. raison est telle que quiconques a neccessairement a determiner de mouvement il fault quil mette aucune cause de mouvement/ dont comme les ditz philosophes ayent neccessairement a traittier de mouvement laquelle chose si appert doublement Cest assavoir car ilz sefforcoient a devisier la cause de generacion et de corrupcion lesquelles ne sont sanz mouvement/ Tant aussi car de toutes choses naturelment ilz vouloient traittier et toutefois toute naturelle consideracion enquiert de mouvement pour ce que nature est principe de mouvement et de repos comme il appert ou second de phisiques Il sensuit quilz devroient tractier de la cause qui est le principe de mouvement/ Et ainsi comme ilz ostassent ou oubliassent ycelle il appert quilz failloient

la tierce raison car comme une chascune chose naturele ait substance et essence cest a dire fourme car fourme est principe de lestre et ce que cest doncques comme ce par qui toute chose a son estre soit le principe delle et de sa cognoiscence comme les philosophes diz ne meissent lestre des choses/ cause et laissassent la fourme Il appert quilz failloient. yci reprouve il leur opinion plus en especial/ Et se fait doublement. premierement quant a ceulz qui le feu estre mettoient principe lune bien que le feu fust souffisant. Secondement quant ad ce quilz laissoient la terre comme aucunement elle appere premiere. Premierement il resume la posicion deulx. Car comme il meissent chascun des simples corps transmuer lun en lautre si que les uns sont engendrez des autres selon constricion ou inspixacion Cest assavoir selon tenuete et engrossissement sicomme les gros des *soubtilz Et pour ce ilz meissent lun de ces .iii. estre premier principe/ Car les autres sont engendrez de lui/ ou par congregacion ou disgregacion lesquelles toutefois se different quant a priorite Cest assavoir Car selon une maniere ce semble premier estre de quoy autre est engendre par soubtiliacion et ceste guise il met/ secondement mais dist il que ce soit premier de qui autre est engendre par condempsacion ou inspixacion Il appert dist il par ceulz qui mettoient principes les corps plus simples. Cest assavoir les corps ayans tres menues parties desquelx par condempsacion ilz disoient les choses estre faittes/ sicomme aucuns qui mettoient le feu pource quil est tres soubtil aussi un chascun des autres eleinens ot un philosophe qui le iugia/ premier mais pour quoy dist il ne mirent la terre estre principe il ne puist estre dit que ce eust este contre loppinion commune. Car opinion divulguee fu la terre substance de toutes choses estre Et meismement exodus qui fu lun des pouetes thelogisans laffermoit disant la terre estre premiere faitte par quoy comme il appere que la terre estre principe fust loppinion des theologians pouetes qui precederent les naturiens philosophes seulement les naturians eschiverent a la mettre principe pour la groissece de ses parties/ Et pour ce comme ilz veissent que lair eust plus grosses parties que le feu et liaue que lair/ Et ilz ne veissent rien si soubtil que feu. Il sensuit dist il quen ensuivant ce principe de condempsacion nulz ne dirent si bien que ceulz qui mirent feu principe/ car comme pour cause de soubtillece aucune chose puist estre appellee premiere/ Il est neccessite que elle soit principe qui est tres soubtille sur toutes/ Toutefois sil estoit vray quilz dient sensuivroit* ilz grant inconvenient. cest assavoir sil nestoit riens que feu Il sensuivroit saucun disoit que air fust plus gros que feu ou plus soubtil que yaue quilz mesprendroient.