BIBLIOTHECA AUGUSTANA

 

Christine de Pizan

vers 1364 - vers 1431

 

L'Avision de Christine

 

La tierce partie

 

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VIII

Encore continue Christine

sa complainte

 

Entens tu doulce maistresse en quelx doulz deduis ay passe la ionnece de ma veusvete avoie ie cause que trop druerie me feist entendre aux foies amours/ mais non obstant ce que assez souffire deust par si long temps a celle par qui tout ce me venoit ne fu pas apaisiee envers moy la desloyalle de qui autrefois me suis plainte comme ie en eusse cause, car la doulour du dent y trait la langue/ ains te diray en poursuivant ceste matiere jusques au iour duy comment ses floz mont gouvernee et encore ne cessent

Voir est que ou temps de mes perplexitez dessus dittes pour ce que descouvrir a autrui si quay touche ses adversitez et affaires/ la cause pour quoy. Car charite est pou trouvee/ ne peut tourner se a servitude non/ et pou de preu/ comme ce soit moult grief faissel de douleur/ tenir enclose sanz regehir ne mavoit encore tant grevee fortune comme elle ne peust/ que ie ne fusse accompagniee des musetes des pouetes non obstant que les reboutas et chacas arriere de la compagnie de bouece ou temps de sa tribulacion pour le repaistre de plus haultes viandes/ ycelles me faisoient rimer complaintes plourables regraittant mon ami mort et le bon temps passe/ sicomme il appert au commencement de mes premiers dittiez ou principe de mes cent balades Et meismement pour passer temps Et pour aucune gayete attraire a mon cuer doloureux faire ditz amoureux et gais dautrui sentement comme je dis en un mien virelay.