BIBLIOTHECA AUGUSTANA

 

Christine de Pizan

vers 1364 - vers 1431

 

L'Avision de Christine

 

La tierce partie

 

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XVII

Le reconfort

de Philosophie

 

Toy qui te plains pour un pou de tribulacions se elles te sont survenues tout ainsi comme se dieu fust plus tenus a toy que a un autre Avises en toy meismes que pevent dire pluseurs bonnes personnes/ et crestiens comme toy qui par estranges fortunes nont pas seulement perdu tous leurs biens temporelx mais leurs membres dont sont mahagnez par longue maladie/ et par survenue aventure/ et en autres cas divers tourmentez en esperit ou en leurs corps/ et encore avec ce en tel pouvrete que ilz nont lieu propre ne chose pour eulx couvrir ne leur lasse vie repaistre se ilz ne se vont trainant a grant peine par entre vous/ cerchant voz aumosnes ou souvent treuvent pou de pitie/ que dirons nous de ceulx la ou des autres qui ont diverses grandes tribulacions/ en maintes guises/ que ils sont mal eureux infortunez et de dieu hais/ nennil nennil ce nest selon les sentences de noz lois qui sont leuvangile/ Ains dirons que beneurez sont/ Tout ainsi comme dieu le dist lui meismes dyceulx et des paciens. Beati pauperes spiritu quonian, ipsorum est regnum celorum. Beati pacifici quoniam filii dei vocabuntur

Si dis que tu iuges folement. Car ne sont pas infortune au regart des distribucions iustes de dieu les plus persecutez/ ains sont les plus beneurez en tant comme plus sapprochent de la vie ihesucrist/ en ce monde en toute tribulacion pour vostre exemple/ Si te dis que de tant es tu eureuse et ie le te monstre se nyer ne veulx la sainte escripture comme tu approches aucunement a ceuz qui passent par tribulacion et plus eureuse fusses mais que pacience avec fust se plus en eusses/ car de tant seroit plus grant ton merite et se tu es ferme en la foy de laquelle chose mal fus nee se il nest ainsi/ point ne mescroiras ce que ie dis

et ad ce propos ne dist saint augustin sur le .xxie. pseaulme/ sache dist il tout homme que dieu est un medecin qui au malade pecheur baille tribulacion pour medicine a son salut non pas pour peine de sa dampnacion. O malade pecheur quant tu recoips la medecine de dieu en tribulacion tu te deulx tu te plains et cries a ton medecin il ne te escoute pas a ta voulente. Mais il te escoute a ta sante.