B  I  B  L  I  O  T  H  E  C  A    A  U  G  U  S  T  A  N  A
           
  Louis Marchand
vers 1870 - vers 1950
     
   



P a u l   C l a u d e l
à   L o u i s   M a r c h a n d


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Bref histoire de la Maison Franco-Japonaise du Kansai.

     Claudel, qui a quitté le Japon en février 1927, est déjà ambassadeur aux Etats-Unis lorsque l'Institut Franco-Japonais du Kansai ouvre ses portes le 5 Novembre 1927. Il s'agit d'une bâtisse à l'occidentale, comme posée sur un plateau aménagé dans la colline abrupte. La vue sur un Kyoto encore quasiment intact est superbe. Francis Ruellan en est le premier directeur : il organise des cours de langue, des réunions et un début de programmation culturelle, et cherche de façon générale à s'adresser à une élite connaissant déjà bien le français. Il quitte Kyoto en décembre 1930, et fera par la suite une grande carrière de géographe jusqu'à sa disparition en 1975 : il passera notamment de longues années au Brésil, où il sera chargé en 1949 par le Président Kubitschek de déterminer le site de l'implantation de la future capitale de Brasilia.
     Après un court intermède assuré par Georges Bonneau, connu aujourd'hui pour ses traductions de poésie ancienne japonaise, le troisième directeur, Louis Marchand, arrive en poste en avril 1932. A la différence de ses prédécesseurs, qui étaient des hommes d'une trentaine d'années, Marchand est en fin de carrière. De plus, c'est un praticien du français langue étrangère, discipline toute neuve alors, et un pédagogue qui a enseigné à "l'Ecole de préparation des Professeurs de français à la Sorbonne". Dès son arrivée, il examine en praticien de l'enseignement le site dont il dispose : pour reprendre sa propre expression, "le grand éloignement du centre universitaire, la difficulté d'accès, les escaliers et les pentes semblaient combinés pour écarter les étudiants". Marchand se met alors en quête d'un terrain de substitution, et apprend que l'emplacement occupé près de l'Université de Kyoto par l'Ecole Supérieure des Arts et Métiers est vacant : il parvient à persuader Inabata que l'Institut de Kujoyama est condamné à végéter sur son site incommode, et que le développement du rayonnement de l'Institut Franco-Japonais du Kansai dépend de sa reconstruction au milieu du quartier universitaire : pour reprendre son expression, il convient de "faire venir la montagne à Mahomet puisque Mahomet venait difficilement à la montagne". Ayant obtenu l'accord de principe d'Inabata et le feu vert du ministère francais des Affaires étrangères (son autorité de tutelle), Marchand obtient le prêt du terrain par le Gouvernement japonais, moyennant un engagement du Gouvernement français à en faire quelque jour l'acquisition (cette promesse sera tenue en 1959). Inabata et les milieux économiques de la région sont à nouveau sollicités pour financer la construction du nouveau bâtiment : réalisé sur les plans de Raymond Mestrallet, architecte de l'agence d'Auguste Perret, le bâtiment de l'Institut Franco-Japonais du Kansai est un bel exemple de cette architecture néo-classique en béton des années trente, qui trouve son apogée avec les bâtiments construits sur le Trocadéro à l'occasion de l'Exposition Universelle de 1937. Le nouvel Institut est inauguré le 27 Mai 1936. Le bâtiment de Kujoyama n'aura même pas servi dix ans.
     Conformément aux prévisions de Marchand, le nombre d'étudiants fréquentant l'Institut passe instantanément du simple au triple, et l'Institut Franco-Japonais du Kansai va jouer désormais un rôle essentiel dans la formation des francophones de la région.

(v.: Genèse de la Villa Kujoyama à Tokyo)